Présidentielle américaine : les vacances de M. Romney

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Publié le 6 août 2012 Lecture : 2 minutes.

Grande-Bretagne, Israël, Pologne… Le républicain Mitt Romney, adversaire de Barack Obama à la présidentielle de novembre prochain, est parti à la conquête des anciens amis de l’Amérique, quelque peu délaissés, paraît-il, depuis l’élection de ce dernier. Et de soutiens financiers, véritable nerf de la guerre en période de campagne. Normal, me direz-vous. Ce qui l’est moins, au-delà des quelques gaffes qui ont émaillé ses séjours londoniens et polonais, c’est son discours. Qui fait froid dans le dos et rappelle, certes de manière plus subliminale, les antiennes chères à celui que personne ne regrette : George W. Bush. Pour rappel, Romney a pris dans son équipe le très belliqueux John Bolton, ancien ambassadeur auprès des Nations unies de l’un des pires présidents des États-Unis.

Pour Romney, comme pour notre ex-fervent disciple de Mani, le monde se divise en deux camps : les bons et les méchants, c’est-à-dire les amis de l’Amérique et ses ennemis. Au programme, entre autres, s’il est élu et si on l’écoute : une guerre avec l’Iran, un conflit commercial avec la Chine et un bras de fer épique avec la Russie. Mais, comme l’explique Gideon Rachman, éditorialiste du Financial Times, « l’insistance d’Obama à recourir à la diplomatie […] est préférable à une politique étrangère qui se réduit à vouloir "frapper les méchants". Parler aux Russes et tenter d’éviter la guerre avec l’Iran, ce n’est pas manquer de sens moral ni être faible. C’est simplement tenter de composer avec eux – sans se faire d’illusions sur la nature de ces régimes ».

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Certains rétorqueront qu’il ne s’agit que de mots, destinés à séduire électeurs et bailleurs de fonds, mais aussi à asseoir une stature internationale guère étoffée. Ces mots sont cependant lourds de sens et constituent forcément les jalons d’une pensée. Ils ne disparaissent pas sitôt leur auteur arrivé à la Maison Blanche, d’autant qu’ils auront déterminé le choix des électeurs.

Romney aurait pu s’en tenir à ces postures de gorille à dos argenté très « reaganiennes », même si elles semblent peu adaptées au contexte actuel – l’Amérique n’est plus le maître d’un monde devenu multipolaire -, mais il est allé encore plus loin, en Israël, dans la provocation, la bêtise et le cynisme. « Jérusalem capitale de l’État hébreu », « Israël mérite un meilleur président qu’Obama »… Pis : il a expliqué que la domination économique d’Israël, comparé à la Palestine pour la circonstance, était essentiellement due à des différences culturelles ! Dommage que nous n’ayons pas notre mot à dire dans l’élection du dirigeant le plus puissant de la planète. Entre un homme réfléchi, ouvert au dialogue et honnête (même s’il n’a pas répondu à nos immenses attentes) et un mormon affairiste prêt à tout… Prions pour qu’Obama l’emporte.

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