Chine : atout coeur à Taïwan
La République populaire de Chine incite ses ressortissantes à trouver un mari dans l’île rebelle de Taïwan. Une forme de prise de contrôle en douceur ?
« Chaque fois qu’au cours de l’Histoire les Chinois ont eu des problèmes avec un peuple étranger, ils ont réagi en envoyant des femmes ; et c’est encore le cas aujourd’hui », explique le Pr Chen In-chin, de la National Central University à Taïwan. De fait, depuis des années, les autorités incitent les ressortissantes de la République populaire à épouser des Taïwanais. Elles ne feraient ainsi que suivre une longue tradition diplomatique et coloniale… Pour s’en convaincre, il suffit de relire L’Art de la guerre, de Sun Tzu, ou de se plonger dans les vies des – nombreuses – fiancées chinoises qui émaillent l’histoire de l’empire du Milieu. Wang Zhaojun, par exemple, qui, sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), contribua à la pacification des tribus Xiongnu. Ou encore Wencheng, une princesse Tang mariée en 641 au roi du Tibet.
En mai, devant les étudiants chinois de l’île, Ye Kedong, le directeur des affaires taïwanaises auprès du Conseil d’État (chinois), n’a d’ailleurs laissé planer aucun doute : « Ne laissez pas passer votre chance, tissez des liens avec les étudiants taïwanais, l’amour ne connaît pas de frontières ! » Il n’en a pas fallu davantage pour déclencher une avalanche de plaisanteries graveleuses sur les réseaux sociaux et de commentaires doux-amers dans les médias.
Mariages "inter-détroit"
Les pro-Pékin déplorent que les mariages « inter-détroit », bien qu’autorisés depuis 1992, soient encore trop rares. C’est selon eux la conséquence des nombreux obstacles imposés par Taïwan : restriction des permis de résidence temporaire ; limitation du nombre des agences matrimoniales ; diminution du nombre de naturalisations… Reste que plus de 260 000 Chinoises ont épousé un Taïwanais et sont aujourd’hui établies dans l’île. De quoi alimenter une véritable névrose.
Certains imaginent déjà une armée de belles infiltrées chargées de prendre les commandes de l’île rebelle. D’autres ont calculé que si ces unions produisaient chacune deux enfants, il y aurait dans les prochaines années 520 000 votes supplémentaires favorables au rattachement ! D’autres vont encore plus loin : sachant qu’une Chinoise obtient la nationalité taïwanaise au bout de six ans et qu’il est permis d’imaginer qu’un îlien marié à une continentale soit enclin à rallier la cause de son épouse, il pourrait y avoir bientôt 1 million de votes supplémentaires. Soit 10 % du corps électoral.
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