Ghana : Atta Mills en indivision
Le décès du chef de l’État, John Evans Atta Mills, le 24 juillet, est venu compliquer la donne politique au Ghana avant la présidentielle de décembre.
Élu fin 2008, John Evans Atta Mills, dit « le Prof », est décédé le 24 juillet à l’âge de 68 ans. Six heures plus tard, et alors que les hommages venus du monde entier affluaient encore, son vice-président, John Dramani Mahama, 53 ans, lui succédait à la tête de l’État conformément à l’article 60 de la Constitution. L’événement aurait déstabilisé plus d’un pays, mais pas le Ghana. Ses dirigeants sont parfaitement conscients que le respect des institutions est, depuis la fin des années 1990, l’une des clés de son développement. Le calendrier électoral ne devrait pas être modifié, et la présidentielle aura lieu en décembre.
Malgré cette transition « normale » au sommet de l’État, la mort d’Atta Mills perturbe l’agenda du parti au pouvoir et redistribue les cartes du paysage politique ghanéen alors que la campagne électorale venait à peine de débuter. Face au leader de l’opposition, Nana Akufo-Addo (68 ans), un avocat et homme politique expérimenté du Nouveau Parti patriotique (NPP), le Congrès national démocratique (NDC) avait reconduit Atta Mills comme candidat en juillet 2011. Ces primaires particulièrement tendues avaient vu Nana Konadu Agyeman-Rawlings, la femme de l’ancien chef de l’État Jerry Rawlings, se présenter sans succès contre Atta Mills (elle avait obtenu moins de 5 % des suffrages).
Pas sûr que le parti au pouvoir, le NDC, fasse du président par intérim son candidat.
Dans le cas présent, les textes du parti font de John Dramani Mahama son nouveau chef, mais pas automatiquement son candidat, même si certains au sein du NDC ont rapidement fait le raccourci.
Pour devenir officiellement candidat, Dramani Mahama devra être élu par l’ensemble des délégués du parti lors d’un nouveau congrès qui se tiendra le 30 août. Il sera le grand favori, mais pas le seul à se présenter. « Le sentiment général est que cela sera une simple formalité, analyse une source proche du NDC. Mais c’est une situation très compliquée parce que tous les courants doivent être consultés. Il ne faut rien décider qui compromette notre victoire politique. »
Flou
Pour le NDC, le risque est grand de voir cette affaire raviver les divisions qui le minent depuis un an. À la mort d’Atta Mills, les partisans de Nana Konadu Agyeman-Rawlings ont immédiatement émis l’idée que, puisqu’elle a été la seule à se présenter contre lui, l’investiture lui revenait de droit.
Reste le cas de Jerry Rawlings lui-même, dont l’influence au sein du NDC, comme dans le pays, reste forte. Certains membres du parti s’inquiètent qu’il puisse se ranger derrière sa femme et refuser de soutenir Dramani Mahama. « Je ne sais pas s’il est capable de diriger le pays, mais je l’espère », a-t-il déjà dit du président ghanéen par intérim.
Dans le flou qui entoure la succession du président Atta Mills, les cadres savent qu’ils doivent prendre une décision qui préservera l’unité de la formation. Tergiverser reviendrait à laisser le champ libre au NPP. En 2009, Akufo-Addo n’avait été battu que de 40 000 voix, et des sondages effectués peu avant la mort d’Atta Mills le donnaient légèrement en tête.
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