Wagner : le tacle d’Abdelmadjid Tebboune à Assimi Goïta
Le président algérien considère que l’argent dépensé pour les mercenaires russes, au Mali, serait « plus utile » s’il était investi dans des projets économiques.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.
« De quoi vous mêlez-vous ? » : la principale critique faite par les aficionados d’Assimi Goïta à toute analyse étrangère de la situation malienne ne doit pas manquer de fuser vers les comptes de réseaux sociaux d’Abdelmadjid Tebboune et de la présidence algérienne. C’est lors d’une interview accordée au quotidien Le Figaro, dans son édition de vendredi, que le chef de l’État algérien a été interrogé sur la situation sécuritaire dans les pays sahéliens.
« Le terrorisme n’est pas ce qui me préoccupe le plus, nous pouvons le vaincre. Je suis beaucoup plus inquiet pour le fait que le Sahel s’enfonce dans la misère. Là-bas, la solution est à 80 % économique et à 20 % sécuritaire » : Abdelmadjid Tebboune milite notamment pour une meilleure intégration des « gens du nord du Mali dans les institutions » nationales. Et d’évoquer le déploiement – toujours démenti par le régime de Bamako – des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner au Mali : « L’argent que coûte cette présence serait mieux placé et plus utile s’il allait dans le développement au Sahel […], s’il était investi dans des projets économiques. »
Moscou, principal fournisseur d’armes d’Alger
La sortie du chef de l’État algérien n’est pas anodine, à triple raison… Primo, c’est dans une publication française que s’est exprimé Tebboune, alors que l’arrivée présumée de Wagner au Mali a coïncidé avec le départ de la force militaire française Barkhane.
Secundo, c’est à Alger que furent signés, en 2015, les « Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » entre l’État malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad. Or, la quasi-totalité des groupes armés signataires ont suspendu récemment leur participation, dénonçant « l’absence persistante de volonté politique » de la junte de Bamako. Tebboune reste pourtant convaincu que « le règlement de la situation sur place passe évidemment par l’Algérie ». Et de marteler : « Si on nous avait aidés dans l’application de l’accord pour la pacification de cette zone, on n’en serait pas là ». »
La troisième raison qui rend croustillante la pique algérienne contre Wagner est la préparation actuelle d’un accord russo-algérien de partenariat stratégique sur les affaires économiques et militaires, au moment même ou l’Algérie tente, équilibriste, de rester neutre dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Moscou reste le principal fournisseur d’armes de l’Algérie, mais les manœuvres militaires russo-algériennes prévues du 16 au 28 novembre dernier avaient été annulées.
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