Tchad : ça se gâte pour Hissène Habré
L’ancien président tchadien, Hissène Habré pourrait être jugé au Sénégal par un tribunal spécial composé de magistrats africains. Sous réserve d’ultimes ajustements.
Mieux vaut tard que jamais. Si les derniers « réglages » se révèlent concluants, comme l’espère Aminata Touré, la ministre sénégalaise de la Justice, Hissène Habré, 70 ans, sera bien jugé au Sénégal, par un tribunal africain, pour des crimes commis dans son pays. Une perspective qui mettrait fin à l’interminable feuilleton d’un procès cent fois entravé.
Accusé de milliers d’assassinats politiques et d’usage systématique de la torture lorsqu’il dirigeait le Tchad entre 1982 et 1990, Hissène Habré n’a toujours pas été déféré devant la justice. Le 20 juillet, après que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné au Sénégal de le poursuivre « sans aucun autre délai » s’il ne l’extradait pas, Dakar s’est finalement rallié au projet de l’Union africaine (UA) : traduire l’ancien président devant un tribunal spécial, au sein du système judiciaire sénégalais.
Premier réglage à apporter, cependant : faire adopter, par la nouvelle Assemblée nationale (elle sera installée début août) et l’UA, les statuts de ce tribunal où des juges sénégalais siégeront aux côtés de pairs africains. Pour la ministre de la Justice, la tenue du procès a été jusqu’ici bien davantage empêchée par l’absence de volonté politique que par des questions de procédure. À en croire Macky Sall, le chef de l’État sénégalais, qui parie sur un tribunal opérationnel avant la fin de l’année, cette volonté politique est désormais manifeste.
Le problème du financement
Autre difficulté à aplanir, le problème du financement. Mais là aussi, le Sénégal, qui a entrepris de remobiliser les éventuels contributeurs, se montre assez optimiste. L’UA, le Tchad et des bailleurs de fonds occidentaux (Union européenne, ainsi que les Pays-Bas, la France, la Suède ou la Belgique) s’étaient engagés en 2010 à hauteur de 8 millions d’euros. Les responsables sénégalais, qui estiment que les lois internationales n’ont de sens que dans le cadre d’une solidarité internationale, espèrent voir ces engagements renouvelés et les États-Unis mettre eux aussi la main à la poche.
Le troisième ajustement concerne l’instruction. Une commission devra déterminer si le procès se fonde sur l’instruction diligentée en Belgique, ou si l’on reprend tout de zéro, ce que redoutent les familles de victimes.
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