Côte d’Ivoire – France : premier rendez-vous réussi entre Ouattara et Moscovici

Lors de sa visite à Paris, le président ivoirien Alassane Ouattara a notamment rencontré le ministre français de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici. Et obtenu l’annulation de la quasi-totalité de la dette ivoirienne.

Le président ivoirien et Pierre Moscovici à Paris, le 24 juillet. © Vincent Fournier J.A.

Le président ivoirien et Pierre Moscovici à Paris, le 24 juillet. © Vincent Fournier J.A.

Julien_Clemencot

Publié le 1 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Mardi 24 juillet, hôtel Meurice, à Paris. C’est sur un terrain neutre, mais dans un cadre non dépourvu de standing, qu’Alassane Dramane Ouattara (ADO) a rencontré pour la première fois Pierre Moscovici (alias Mosco), le ministre français de l’Économie et des Finances. Confirmée au dernier moment, sa présence au côté de Charles Koffi Diby, son ministre de l’Économie et des Finances, atteste de l’importance que le président ivoirien accorde au rapprochement entre les deux États. Ce rendez-vous précédait toute une série d’entretiens avec les ministres du gouvernement Ayrault, de Laurent Fabius (Affaires étrangères) à Jean-Yves Le Drian (Défense), avant le rendez-vous à l’Élysée, le 26 juillet. Intime de Nicolas Sarkozy, ADO doit désormais prendre ses marques avec le nouveau pouvoir socialiste.

Un premier pas d’autant plus facile à franchir que, à l’époque où il était chargé des relations internationales au Parti socialiste, Moscovici avait pris ses distances avec Laurent Gbagbo. Sans parler des liens qui unissent Charles Koffi Diby et Rémy Rioux, le directeur de cabinet du ministre français et ancien sous-directeur des affaires financières internationales à la direction générale du Trésor. Au début de 2011, les deux hommes avaient mis au point la stratégie d’asphyxie de l’économie ivoirienne durant la crise postélectorale. Avec un certain succès.

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Dette ivoirienne

Sujet central de cet entretien, l’annulation, sous conditions, de la dette ivoirienne. Un accord bilatéral inscrit dans la continuité du point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de la réunion du Club de Paris. Au terme des négociations, la France s’est engagée à effacer l’ardoise de 3,76 milliards d’euros encore due par Abidjan, ce qui porte au total l’annulation de la dette à 99,5 %. En contrepartie, 75 % de ce montant sera consacré, sur vingt ans, au financement de projets permettant de réduire la pauvreté. Dès septembre, une délégation française devrait se rendre à Abidjan pour établir la liste des chantiers à financer dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation et des infrastructures. « Des annonces devraient intervenir avant la fin de l’année », précise un conseiller de Charles Koffi Diby.

Organisé dans un salon privé, l’entretien « ADO-Mosco », qui devait durer une vingtaine de minutes, s’est prolongé pendant plus de trois quarts d’heure. « Le continent est un vrai sujet d’intérêt pour Pierre Moscovici. Début juillet, il a rencontré Alpha Condé à Conakry, puis dîné à Dakar avec Macky Sall », confie l’un de ses collaborateurs.

Zone CFA

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« Après les courtoisies d’usage, Ouattara a présenté la situation de son pays, raconte un témoin. Il a insisté sur le poids régional de l’économie ivoirienne. De son côté, Moscovici a fait part de son attachement aux relations bilatérales [plus de 700 entreprises françaises sont implantées en Côte d’Ivoire, NDLR] et rappelé l’importance du continent pour la croissance française. Aux questions du président sur l’avenir de la zone euro ont fait écho celles du ministre sur la zone CFA et sur la situation sécuritaire au Sahel. »

Une discussion que les deux hommes pourront poursuivre prochainement. ADO devrait assister, le 5 octobre, au quarantième anniversaire des accords de coopération monétaire entre la France et ses partenaires de l’Union monétaire ouest-africaine organisé à Bercy, tandis que Moscovici est attendu, sans doute avec Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, sur les bords de la lagune Ébrié.

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À l’issue de la rencontre, Charles Koffi Diby a signé officiellement avec son homologue l’accord d’annulation de la dette lors d’une brève conférence de presse. Avant de s’effacer pour laisser Pierre Moscovici offrir une franche poignée de main au président Ouattara. À l’évidence, le courant est passé.

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