Dans les coulisses du dernier sommet de l’Union africaine

Le sommet de l’Union africaine à Addis Adeba, du 14 au 15 juillet, a débouché sur l’élection de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l’organisation. Le point sur les à côtés de cette mini-révolution.

La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, nouvelle présidente de la Commission de l’Union africaine. © AFP

La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, nouvelle présidente de la Commission de l’Union africaine. © AFP

ANNE-KAPPES-GRANGE_2024

Publié le 29 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Une réunion sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) s’est tenue le 14 juillet à Addis-Abeba, en marge du sommet de l’Union africaine. L’occasion pour l’Afrique du Sud de faire « son show ». « Ni le Premier ministre éthiopien, Mélès Zenawi, malade, ni bien sûr le Sénégalais Abdoulaye Wade n’étaient présents, raconte un observateur qui a assisté au huis clos. Or tous deux revendiquaient la paternité du Nepad. Du coup, Jacob Zuma s’en est donné à coeur joie, en critiquant le fait que les projets sont, dans leur très grande majorité, financés par des partenaires extérieurs. » Et de conclure : « Tout cela n’est pas anodin. On sait bien que, ce qui intéresse Pretoria, c’est moins le Nepad que le leadership continental. » 

  • Haro sur l’Occident

Pretoria n’a visiblement pas apprécié l’intervention du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, le 12 juillet, lors de la 21e session du Conseil exécutif de l’Union africaine. Ce dernier était venu présenter la plateforme de télécommunications par satellite emergency.lu (système d’alerte en cas de catastrophe humanitaire) qu’il souhaite mettre à disposition de l’organisation. « Vous pensez qu’un ministre africain pourrait interrompre une séance de l’Union européenne pour vendre son projet ? » s’est emportée Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Affaires étrangères. L’Éthiopie est aussitôt venue à la rescousse du représentant du grand-duché, en expliquant que l’Afrique avait besoin des financements et de l’expertise de ses partenaires. 

  • Communication abusive ?
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Lors du Conseil exécutif, le 14 juillet, le Botswana a pris la parole pour demander à Jean Ping de s’excuser. Deux jours auparavant, le Gabonais avait publié un communiqué officiel de cinq pages pour démentir un article du Sunday Times de Johannesburg affirmant qu’il s’était rendu début juillet en Afrique du Sud afin d’annoncer son intention de se retirer de la course à la présidence. Une utilisation abusive du logo et du site web de l’Union africaine, selon les dirigeants d’Afrique australe. Le lendemain soir, le Malawi est revenu à la charge en demandant que des mesures disciplinaires lui soient imposées. Mais Ping n’a reçu qu’une sanction : son éviction. 

La crainte de certains délégués : que la diplomatie sud-africaine cherche à imposer ses vues, à travers l’Union africaine (UA), en matière de gestion des crises sur le continent.

  • Candidats de substitution

En cas de nouveau blocage dans le choix du président de la Commission, des diplomates africains proposaient, pour sortir l’Union africaine de l’impasse, de mettre hors jeu les deux candidats et de trouver une personnalité plus consensuelle. Parmi les noms avancés, João Bernardo de Miranda, ancien ministre des Relations extérieures de l’Angola, et Mohamed Ibn Chambas, ancien secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et actuel secrétaire général du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Finalement, c’est la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma qui a été élue.

  • Vers une querelle de leadership ?

La diplomatie sud-africaine va-t-elle chercher à imposer ses vues, à travers l’Union africaine (UA), en matière de gestion des crises sur le continent ? C’est la crainte exprimée par certains délégués. Principal argument avancé : Pretoria a déjà utilisé l’UA pour s’immiscer en Côte d’Ivoire et en Libye, tout en se réservant la conduite des médiations de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à Madagascar ou au Zimbabwe. « C’est à nous d’assurer le leadership sur les questions politiques et militaires », explique un ministre ouest-africain des Affaires étrangères. « Il risque d’y avoir des frictions dans les prochains mois si Pretoria remet en question le principe de subsidiarité [délégation verticale des pouvoirs, NDLR], commente un ancien responsable de l’Organisation de l’unité africaine [OUA]. C’est vrai qu’à l’origine l’organisation panafricaine avait plutôt vocation à gérer les crises, et les communautés économiques régionales, elles, à faire de l’intégration. Mais les choses ont évolué. »

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Par Pascal Airault et Anne Kappès-Grangé, envoyés spéciaux à Addis Abeba

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