Chinafrique : des sourires et des dollars

Lors du dernier forum sino-africain, Pékin a promis de doubler son aide. Las de fournir des matières premières, le continent réclame un rééquilibrage des relations économiques.

Le nouveau siège de l’Union africaine, offert par la Chine pour cimenter ses amitiés africaines. © AFP

Le nouveau siège de l’Union africaine, offert par la Chine pour cimenter ses amitiés africaines. © AFP

Publié le 27 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Six chefs d’État africains (Afrique du Sud, Bénin, Côte d’Ivoire, Djibouti, Guinée équatoriale et Niger), deux chefs de gouvernement (Cap-Vert et Kenya) et de nombreux ministres ont participé au traditionnel forum Chine-Afrique, les 19 et 20 juillet à Pékin.

Accueillis en « bons amis, partenaires et frères », ils ont eu droit au sempiternel discours vantant les liens séculaires, l’amitié et le partenariat gagnant-gagnant. Selon un show bien rodé, Hu Jintao, le président chinois, a égrené les bonnes nouvelles : des échanges commerciaux multipliés par seize en douze ans (166 milliards de dollars, soit 135 milliards d’euros), des investissements directs chinois qui s’élèvent à près de 15 milliards de dollars et une aide qui devrait doubler pour atteindre les 20 milliards de dollars.

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Année après année, Pékin se dit prêt à aller toujours plus haut, plus loin, plus fort. Jacob Zuma, le président sud-africain, a modéré ces ardeurs. « L’Afrique, a-t-il expliqué, a montré qu’elle contribue au développement de la Chine en lui fournissant des matières premières et en procédant à des transferts de technologie. » « Ce modèle n’est pas soutenable à long terme », a-t-il conclu en appelant à un partage équilibré des revenus via la multiplication des joint-ventures. 

"Une nouvelle forme d’impérialisme" ?

Depuis quinze ans, Pékin s’est imposé comme le premier partenaire du continent, reléguant les pays occidentaux, en pleine tourmente financière, aux seconds rôles. Aujourd’hui, la Chine est le principal artisan des grands chantiers d’intégration (routes, rail, énergie…). Elle a livré l’an dernier un siège flambant neuf à l’Union africaine. Derrière cette mansuétude se niche un entrelacs d’intérêts économiques et politiques. Pétrole, bois, mines, produits agricoles… La Chine tire de l’Afrique les ressources qui font tourner ses usines et lui permettent de réaliser son miracle économique. Prenant acte des difficultés des pays du Nord, la deuxième puissance mondiale mise de plus en plus sur ses relations avec les pays du Sud, seuls vrais réservoirs de croissance. Elle peut aussi compter sur les Africains dans les grandes instances internationales pour imposer ses vues : vote au Conseil de sécurité de l’ONU, principe de non-ingérence, réforme des institutions de gouvernance mondiale… L’Occident y voit – sans surprise – une « nouvelle forme d’impérialisme ».

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