Kenya – Grande-Bretagne : le baroud d’honneur des Mau Mau
Victimes d’actes de torture dans les années 1950, trois anciens membres de la rébellion indépendantiste kényane réclament justice.
C’est l’histoire de trois frêles vieillards dressés contre l’empire. Ils sont kényans, ils s’appellent Jane Muthoni Mara (73 ans), Paulo Muoka Nzili (85 ans), Wambuga Wa Nyingi (84 ans), et ils se battent pour que le martyre qu’ils ont enduré ne reste pas impuni. Ils étaient cinq au début de leur action en justice, mais Susan Ngondi et Ndiku Mutua sont morts avant de voir leur plainte aboutir.
Depuis le 16 juillet, devant la Haute Cour de justice de Londres, ces trois survivants racontent les tortures qu’on leur a infligées dans les années 1950, quand le pouvoir colonial mettait tout en oeuvre pour mater la rébellion Mau Mau, ce mouvement indépendantiste bien plus radical que l’Union africaine du Kenya (KAU) de Jomo Kenyatta. Ils décrivent les coups, le viol, la castration que des soldats de Sa Majesté leur ont fait subir.
Après leur audition, la Cour décidera s’il y a lieu d’ouvrir un procès. Une décision que le gouvernement britannique verrait d’un mauvais oeil car, s’il a enfin reconnu que les Kényans ont été torturés, il se refuse à les indemniser. Dernier argument en date : le procès ne serait pas équitable, puisque la plupart des officiers et des responsables de l’époque sont morts… Reste que les preuves des exactions existent : quelque 8 800 dossiers rapatriés en 1963 et cachés avec les archives secrètes du Foreign Office dans un manoir du Buckinghamshire doivent être rendus publics.
Dans les colonnes du Daily Mail, l’historien Max Hastings résume crûment : « Si les Mau Mau obtiennent gain de cause auprès de la Haute Cour et reçoivent une montagne de cash, des milliers de plaintes vont affluer des quatre coins de l’ancien empire. » Entendez : de Malaisie et de Palestine, de Chypre ou du Nigeria…
Conflit meurtrier
Il reste aujourd’hui un peu plus d’un millier d’anciens combattants Mau Mau, rescapés d’un conflit qui fit 32 morts côté colons et entre 11 000 et 50 000 morts côté kényan. Sans doute les rebelles n’étaient-ils pas des tendres, sans doute sont-ils mus aujourd’hui par des considérations d’ordre pécuniaire, mais, outre apporter un éclairage historique salutaire, un procès permettrait à Jane Muthoni Mara, violée avec une bouteille remplie d’eau bouillante, de trouver enfin la paix.
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