Syrie : « game over » pour Bachar al-Assad ?
La mort des principaux responsables de l’appareil sécuritaire semble annoncer la fin du régime Assad. Tour d’horizon des scénarios possibles.
Jamais la maison Assad n’a semblé aussi fragile. L’attentat à la bombe qui, le 18 juillet, a décapité l’appareil sécuritaire du régime est sans conteste le coup le plus rude qu’il a reçu depuis le début de l’insurrection, en mars 2011. Cette opération a coûté la vie à Assef Chawkat, le beau-frère de Bachar al-Assad, aux généraux Daoud Rajha, son ministre de la Défense, et Hassan Turkmani, coordonnateur de la cellule antisubversion, ainsi qu’à Hicham Bakhtiar, le patron du renseignement militaire. Il s’agit donc de la première grande victoire militaire de l’opposition, jusque-là engluée dans de byzantines querelles de leadership. Un succès d’autant plus éclatant que cet attentat a déclenché la bataille de Damas. Désormais, la capitale syrienne n’est plus épargnée par la guérilla qui sévissait dans les bastions de l’insurrection : le croissant Deraa-Homs-Idleb.
Dès l’annonce de l’identité des victimes de l’attentat, les quartiers populaires de Damas Yarmouk et Qaboun se sont embrasés, provoquant une fuite massive de Damascènes vers la frontière libanaise, à 40 km. On parle de plus de 10 000 nouveaux réfugiés en quelques heures.
Présentée depuis plusieurs mois déjà comme imminente par les chancelleries occidentales et les relais de l’opposition syrienne, la chute de Bachar al-Assad semble plus proche que jamais. Toutefois, bien malin celui qui pourrait dire quand et comment. Connaîtra-t-il une fin similaire à celle de Mouammar Kadhafi, un lynchage public ? Mourra-t-il sur une potence érigée par une justice de vainqueurs, à l’instar de Saddam Hussein ? Aura-t-il le temps de négocier un départ « civilisé », comme l’a annoncé, le 20 juillet, Alexandre Orlov, l’ambassadeur de Russie en France – information aussitôt démentie par les autorités syriennes ? Bref, un scénario à la libyenne, à l’irakienne ou à la yéménite. Dans les deux premiers cas, il serait brutalement renversé, capturé ou exécuté. Les forces de la disparate Armée syrienne libre (ASL) seraient alors les mieux placées pour s’emparer du pouvoir. Ultraminoritaires, les éléments salafistes constitueraient le principal obstacle à l’édification d’un État réellement démocratique et la contagion menacerait deux voisins fragiles : le Liban et la Jordanie. La nouvelle donne ne simplifierait pas non plus la cohabitation avec Israël, notamment sur la question du Golan. Un scénario à la yéménite aurait, lui, pour but d’éviter une évolution à l’irakienne en maintenant intactes les structures de l’État.
Forteresse
Pour l’heure, aucune personnalité de l’opposition ne semble s’affirmer comme le successeur possible d’un Bachar fugitif. Les pistes menant à son oncle Rifaat ou au fils de ce dernier, Ribal, paraissent farfelues. Tout comme le recours à Abdel Halim Khaddam, l’ancien vice-président. La personnalité la plus consensuelle de l’ancien régime est sans doute Farouk al-Chareh, actuel vice-président et ex-chef de la diplomatie. Réputé intègre et resté à l’écart des opérations de répression, il aurait pu assurer la continuité de l’État durant une période de transition. Toutefois, son retrait de la scène depuis le début de l’insurrection exclut une telle éventualité.
Si la disparition des principaux cadres de l’appareil sécuritaire est surmontée, un autre scénario pourrait être envisagé : que Bachar se retire en pays alaouite, transformé en forteresse confessionnelle. Une solution imaginée dans les années 1920 déjà, quand la puissance mandataire française avait songé à la création d’un État alaouite. Mais, d’un scénario à l’autre, la partie semble d’ores et déjà finie pour Assad.
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