Bons baisers du Maroc
Je reviens d’une semaine au Maroc. Quelques scènes, quelques « choses vues », quelques anecdotes en diront plus sur sa situation actuelle que le plus savant des discours. En voici quelques-unes.
C’est un mariage à Marrakech qui se déroule chez des islamistes du cru. Femmes et hommes sont rigoureusement séparés. Le vendredi, les (pieuses) femmes se trémoussent sur des hymnes glorifiant le Prophète. Bizarre, dites-vous : on mélange donc le sacré et le profane ? Attendez, le pire arrive. Le lendemain, « le jour des hommes », ce sont des chikhates, ces danseuses lascives fardées à la truelle, qui viennent dévergonder les dévots. Le Prophète pour mesdames, les gourgandines pour messieurs. Et c’est ainsi qu’Allah est grand.
Tôt le matin, à Casablanca, c’est la foule chez le boulanger. Soudain arrive un petit homme en djellaba, propre sur lui, la barbichette bien soignée, qui se fraie un chemin à coups de « pardon », « faites excuse », « ‘scusez-moi ». Tout le monde s’écarte, croyant que le bonhomme travaille dans la boulangerie ou que c’est au moins un cas de force majeure. Pas du tout : arrivé devant le boulanger, il réclame tranquillement une baguette et deux croissants. À tous ceux qui pestent contre la tendance de certains Marocains à vouloir toujours resquiller, dans toutes les circonstances, on signale donc l’apparition, à Casablanca, du resquilleur courtois. Nul doute que cette mode fera bientôt fureur.
Dimanche 8 juillet, dans la petite gare d’Aïn Sebaa, vers 22 h 10, j’attends le train en provenance de Casablanca. Un homme en uniforme de cheminot sort d’une espèce de cagibi, s’avance sur la plateforme et se met à psalmodier à pleins poumons l’appel à la prière. Dans l’air embaumé de cette nuit tranquille, ce muezzin des temps modernes rappelle aux voyageurs leur devoir religieux sans qu’aucun, sauf votre serviteur, ne trouve incongrue cette fusion du chemin de fer et de celui qui mène à Dieu. S’agit-il d’une initiative du cheminot en question ou d’une directive de la SNCF locale ? Les voies (ferrées) de la Providence sont impénétrables.
Et pour finir, un record du monde de la bêtise. Un journaliste ayant précisé que les libertés individuelles qu’il défendait s’appliquaient aussi à sa soeur, il s’est trouvé un soi-disant prédicateur du nom de Nhari pour appeler au meurtre dudit journaliste, au prétexte surréaliste que le Prophète aurait affirmé que les « cocus » – sic – ne méritaient pas de vivre. Et les sombres crétins du type Nhari, ils méritent de vivre ? Bien sûr : il nous faut des spécimens vivants de stupidité fanatique pour nous rappeler à quel point la raison est menacée. Au Maroc et ailleurs…
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