États-Unis : Le « New York Times » se met au chinois
Le quotidien américain lance une édition dans la langue de Confucius. Mais l’initiative embarrasse Pékin.
Trop c’est trop. « En 2011, il y avait 811 journalistes chinois aux États-Unis, contre deux Américains officiellement installés en Chine. Le déséquilibre entre la présence des médias chinois en territoire américain et notre présence en Chine est stupéfiant ! » Pour Dana Rohrabacher, membre du Congrès américain et initiateur d’un projet de loi sur la réciprocité avec les médias chinois, la coupe a débordé en février dernier lorsque la chaîne chinoise CCTV a ouvert son antenne aux États-Unis. Trois étages en plein coeur de Washington, des studios de pointe et une équipe aux deux tiers débauchée chez les grands médias américains et internationaux, CNN, NBC, Fox News, BBC, AP ou Al-Jazira. L’Oncle Sam a rétorqué, le 28 juin, avec le lancement sur la Toile de la version en langue chinoise du New York Times (NYT), cn.nytimes.com. Une façon pour le célèbre quotidien américain de tenter à son tour de franchir la grande muraille informatique mise en place par Pékin pour censurer internet. Le nouveau site, entièrement gratuit (pour l’instant), publiera quotidiennement une trentaine d’articles à l’intention des « Chinois éduqués, riches et mondialisés ».
Le premier numéro, qui comportait un papier sur l’explosion d’une usine de production de tablettes iPad à Chengdu et un autre sur un avortement forcé, aurait-il déjà froissé Pékin ? Toujours est-il qu’en dépit d’un succès immédiat deux des principaux microblogs qui relayaient les articles du quotidien américain ont aussitôt été bloqués. Censure ? Simple problème technique ? Au NYT, la prudence est de mise. « Nous ne fonctionnons pas comme les médias chinois, précise Joseph Kahn, son éditeur étranger. Nous espérons que les responsables chinois accueilleront notre initiative avec discernement. » Afin de contourner la législation chinoise, qui interdit aux médias étrangers de diffuser directement l’actualité en Chine, le NYT utilise des serveurs extérieurs au pays. Une tactique bien connue de ses confrères le Financial Times et le Wall Street Journal, qui a pour inconvénient d’être facilement localisable et donc vulnérable à la censure. En 2010, le site du Wall Street Journal était resté bloqué cinq semaines lors de l’attribution du prix Nobel au dissident Liu Xiaobo, perdant la moitié de sa fréquentation. En attendant, même si à ce jour le site semble accessible, les microblogs qui le reprennent ont toujours des « difficultés techniques » ; Sina Weibo, le Twitter chinois, affiche toujours le même message laconique : « Cette page n’existe pas ».
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