JO 2012 – Boxe : Mohamed Diaby, garder la niaque

Ce jeune athète s’est qualifié pour ses premiers Jeux olympiques. Seul boxeur malien de tous les temps à avoir réussi cet exploit, il espère rapporter une médaille.

Font Romeu, France. Le boxeur Mohamed Diaby (Mali) en preparation a Font Romeu en vue des JO de Londres 2012. © Pierre Mérimée/J.A.

Font Romeu, France. Le boxeur Mohamed Diaby (Mali) en preparation a Font Romeu en vue des JO de Londres 2012. © Pierre Mérimée/J.A.

Publié le 19 juillet 2012 Lecture : 4 minutes.

Il n’est pas tout à fait 20 heures, et Mohamed Diaby est déjà arrivé dans la salle d’entraînement où des sacs de boxe attendent qu’on leur cogne dessus. Bien différent, un autre sac noir et lourd est posé par terre. À l’intérieur sont fourrées les affaires du boxeur de 69 kg, catégorie welter. Un mètre quatre-vingt-six, pas un gramme de graisse, visage poupin et intact qui semble n’avoir jamais reçu de coups. Depuis cette salle aux murs verts, on aperçoit la cité Maurice-Thorez. C’est ici qu’il a grandi, à L’Île-Saint-Denis, dans cette banlieue populaire du nord de Paris.

Âgé de 28 ans, Mohamed Diaby s’est qualifié, en mai dernier, au Maroc, pour ses premiers Jeux olympiques en boxe anglaise. Il représentera le Mali à Londres, à la surprise générale, puisqu’il a fait toute sa carrière en boxe pieds-poings… « J’ai commencé à boxer à l’âge de 10 ans, dans le club de ma ville. C’était à deux pas de chez moi et ça me faisait passer le temps. Valait mieux être ici que dehors, où tu peux facilement faire des conneries », se souvient-il.

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Victoire sur victoire

Le boxeur ouvre la porte du vestiaire et commence à s’habiller. Son coach, Zouaoui Adame, qui le suit depuis le début, vient de débarquer. « Au début, Mohamed était un boxeur moyen, pas plus doué que les autres. D’ailleurs, il n’a rien gagné dans les catégories « jeunes ». Mais c’était un bon bagarreur doté d’un fort mental. Il n’a pas lâché, et c’est ainsi qu’il a progressé. »

C’est à 18 ans que Mohamed Diaby prend son envol et remporte victoire sur victoire. Logiquement, l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), qui forme les sportifs de haut niveau, l’accueille à bras ouverts. Il y reste quatre ans, entre 2003 et 2007. « J’avais tout pour réussir : la salle de boxe était à 20 m, la cantine à 200 et les salles de cours à 500. » Les titres s’enchaînent : champion de France juniors en boxe française (2002 et 2004), titre mondial en 2003. Il continue sur sa lancée en seniors, remportant le titre national en 2007, mais perdant en finale des championnats du monde.

Vingt heures, Mohamed déroule ces bandes bleues que les boxeurs utilisent avant d’enfiler leurs gants. On découvre alors une large cicatrice sur sa main gauche. Lors d’un combat, en 2007, il s’est fracturé la main. « On m’a opéré, installé une plaque et j’ai boxé avec pendant un an. Tout allait bien. Enfin, je le pensais… Mais une fois la plaque enlevée et après quelques semaines à boxer sans, je me suis de nouveau cassé la main. » Le médecin lui conseille alors d’arrêter. « Cela m’a brisé le moral. J’ai tout stoppé. J’ai alors compris l’importance qu’avait la boxe dans ma vie. »

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À l’Insep, on sait que tous les sportifs ne roulent pas sur l’or et que la reconversion professionnelle est aussi importante que la carrière sportive, souvent éphémère. Lors de son passage à l’institut, Diaby passe les diplômes nécessaires pour être embauché, en 2008, comme professeur de sport dans un centre éducatif fermé du Val-d’Oise. Ce salaire lui permet de partir tous les six mois au Mali. « J’adore ce pays. Ma famille vient d’un petit village qui s’appelle Gouka, dans la région de Kayes. Avant, j’y allais peu, j’ai quatre soeurs et quatre frères, et mes parents n’avaient pas les moyens de nous emmener tous les ans. » On veut bien le croire, un aller-retour Paris-Bamako coûte au minimum 600 euros… Le coach poursuit : « Mohamed faisait de la boxe anglaise à Clichy-la-Garenne pour améliorer ses poings. Un jour, il est parti voir les dirigeants maliens pour les persuader de lui donner sa chance. Il voulait se qualifier pour les JO de Londres ! »

Une véritable course contre la montre

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En novembre 2011, l’athlète participe aux championnats du monde, en Azerbaïdjan. Il perd au premier tour. « Cette défaite m’a fait du bien. J’ai pris conscience que le mental ne suffisait pas. » Il rappelle les dirigeants maliens, qui acceptent de lui faire confiance. Une véritable course contre la montre s’engage. Le championnat d’Afrique, qualificatif pour les JO, aura lieu six mois plus tard. À la Rocky Balboa, Diaby s’entraîne deux fois par jour. Au premier tour, il bat le boxeur ghanéen, l’un des favoris. S’il perd en finale, il est tout de même vice-­champion d’Afrique, ce qui lui donne le droit de représenter le Mali. « Je sais qu’on ne donne pas cher de ma peau, mais je vais aux Jeux pour gagner une médaille. »

L’entraînement commence. Son téléphone sonne. C’est sa mère. Que pense-t-elle de Mohamed ? « Je suis très heureuse pour lui, mais je ne vais jamais le voir boxer, j’ai trop peur. » Elle a tout de même promis de le regarder à la télé, parce que, si elle ne mesure pas vraiment ce que représentent les Jeux olympiques, elle a compris que son fils avait réussi un gros truc…

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