La belle magie des Jeux, par Patrick Mboma
Ancien attaquant des Lions indomptables du Cameroun, champions olympiques en 2000 et vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations en 2000 et 2002
Privilégié que je suis, j’ai eu cette immense chance de représenter mon pays, le Cameroun, aux Jeux olympiques (JO). Alors, lorsque l’on m’interroge sur le souvenir que j’en ai gardé, je réponds volontiers : « L’important c’est – presque – d’y participer. » Comment en effet ne pas reconnaître que vivre les Jeux olympiques est une chance unique ? Le bonheur de participer à une ou plusieurs olympiades est, toutes proportions gardées, similaire à une paternité. On les estime toutes. Bien entendu, comme pour tout vrai défi, chaque athlète ambitieux cherche à décrocher la timbale. Mais ne nous perdons pas dans ces considérations.
L’année 2000 fut pour moi l’occasion de m’échapper, de m’évader, de profiter de mon statut de sportif de haut niveau pour prendre part – je l’ai découvert ensuite – à la plus grande manifestation sportive au monde. Nous étions réunis loin de nos bases, à l’autre bout du monde, à Sydney, en Australie.
J’ai pu participer, avec beaucoup de bonheur, à deux Coupes du monde de football, en 1998 et 2002. Ce fut à mes yeux presque aussi beau. Presque seulement ! Il y a certes nombre de points communs : le monde entier s’arrête pour admirer ses athlètes, la sécurité est parfaitement maîtrisée, etc. Toutefois, les JO de Sydney m’ont ouvert les yeux sur une tout autre dimension.
Le nombre de pays représentés est sans commune mesure, les récompenses tombent chaque jour. Il n’y a pas de répit, et un incroyable perfectionnisme se dégage des attitudes des participants.
Le plus marquant, c’est certainement l’intérieur du village olympique, là où tout se concentre. L’atmosphère y est unique ! L’abondance de services (salles de jeux, espaces de fitness, internet, balnéothérapie, etc.) et le fait que tous puissent être entretenus, choyés à l’extrême, voire adulés, sécurise tout le monde. On peut s’y sentir « grand » !
Le respect d’autrui semble être une règle tacitement observée. La communauté est implicitement composée de personnes de tous sexes, âges, origines, mentalités, corpulences, disciplines, races ou pays. Les attitudes y sont respectueuses et non ostentatoires. Si, logiquement, seuls quelques-uns sont les figures de proue, personne n’est mis à l’écart. Il y a toujours quelque chose à découvrir. Au village règnent les nobles sentiments de tolérance, de simplicité mais surtout d’humilité. Seuls le temps qui file et, dans une autre mesure, les langues parlées par les uns et les autres peuvent être les limites à cet espace de communion et d’échanges incomparable.
Évidemment, la compétition elle-même est ce qui est le plus visible du public. Foule nombreuse, chaleureuse et bruyante, celui-ci permet aux protagonistes de se surpasser. Joies et peines s’entremêlent au milieu de sports divers et variés. Pour certains, la clameur et la participation des spectateurs sont nécessaires. Pour d’autres, le silence doit être observé au moment de l’action. C’est la magie des Jeux.
Loin de moi l’envie de mettre en avant les succès que j’ai pu obtenir dans ma carrière de footballeur. Toutefois, comment ne pas évoquer une fois de plus le moment vécu le 30 septembre 2000 ? Un stade de plus de 100 000 places, presque toutes occupées, un ciel dégagé, une affiche (Cameroun-Espagne) extraordinaire. Un suspense bien particulier est venu s’ajouter à un match qui ne sortira plus des mémoires des Camerounais, sortis vainqueurs de cet affrontement.
Que dire de l’instant unique où l’hymne du (des) médaillé(s) d’or retentit, quand le drapeau est hissé vers les cieux ? Le respect de l’institution est à ce moment à son comble, et le degré de fierté qui pénètre le vainqueur est incommensurable. En tout cas, bien difficile à retranscrire en quelques mots. En ce qui me concerne, rien ne pourra me faire oublier ces instants uniques.
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