Fela, Burna Boy, Tabu Ley Rochereau… Rolling Stone a-t-il négligé l’Afrique dans son classement ?

Le magazine Rolling Stone vient de publier sa liste – subjective – des 200 plus grands chanteuses et chanteurs de tous les temps. Quelle place y tient l’Afrique ?

Le « top 200 » de Rolling Stone ne comporte que sept artistes africains. © Damien Glez

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Publié le 11 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.

Chacun voit classement à sa porte. Lors de la publication récente, par le magazine américain Rolling Stone, du top des 200 meilleurs chanteurs de tous les temps – en réalité des 100 dernières années –, chaque fan a scruté le rang de son idole, et s’est trouvé parfois décontenancé comme les aficionados de la Canadienne Céline Dion, dont ni la qualité des octaves, ni la force des décibels, ni même le nombre de ventes d’albums ne lui ont ouvert les portes de cette nouvelle sélection.

Trois Africains dans le top 100

Chaque lecteur comptabilise également le nombre de rangs occupés par les stars de son continent. Ce sont sept Africains qui ont les honneurs de ce palmarès de 200 artistes. Le Nigérian Burna Boy, avec sa « voix (…) douce comme du caramel », occupe la 197e place. Son compatriote Fela Ransome-Kuti le devance de neuf rangs, honoré pour son ton « autoritaire », « direct » et « ferme ». Moins connu des nouvelles générations que son fils Youssoupha, le Congolais Tabu Ley Rochereau est présenté comme le 178e meilleur chanteur de tous les temps, avec sa voix de « ténor » dont les notes semblent « flotter de manière hypnotique dans les airs ». Pour l’Afrique du Sud, Simon « Mahlathini » Nkabinde, surnommé “Le lion de Soweto”, rugit en 153e position, le magazine vantant son « gémissement de basse profonde qui fait trembler les nuages ».

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Trois Africains se classent dans le top 100. Le « ténor vertigineux » de la Teranga Youssou N’dour occupe la 69e place. Il est devancé par deux icônes féminines légendaires : la diva égyptienne Oum Kalthoum, “l’Astre d’Orient” dont le « contralto puissant (…) à couper le souffle » a convaincu Rolling Stone de lui attribuer le 61e rang. Et enfin “Mama Africa”, la militante anti-apartheid sud-africaine Miriam Makeba, qui est classée 53e.

Inconscient collectif rock’n’roll​​​

L’Afrique, qui constitue 15 % de la population mondiale actuelle, ne représenterait-elle que 3,5 % des plus grands chanteuses et chanteurs de la planète ? Certes tout classement est subjectif, notamment quand il vient d’un organe de presse dont l’identité semble marquée dans l’inconscient collectif par le sceau du rock’n’roll​​​. Même si la publication fut fondée aussi par un critique de jazz et qu’elle se présente comme traitant du fourre-tout de la « pop culture », il n’en reste pas moins vrai que nul critique – même si ledit classement est établi de façon collective – n’échappe totalement à son égocentrisme culturel…

Bien sûr, les musicologues avisés déploreront que la sirupeuse Mariah Carey devance de 183 places Fela Kuti, le génial multi-instrumentiste et inventeur d’un courant musical original. Serait-ce lié à une volonté de se focaliser sur les vocalises de haute volée ? Pas sûr. La 162e place est occupée par la seule Française du top, une Françoise Hardy culte mais réputée pour ses susurrements…

L’Africain lambda se consolera surtout en se disant que cette pop dont il est question est irriguée d’africanité. Et que la majorité des artistes du classement ont baigné dans l’héritage africain, de la Britannique d’origine nigériane Sade Adu (51e) aux Africaines-Américaines Ella Fitzgerald (45e), Whitney Houston (2e) ou Aretha Franklin, reine du classement.

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