Brésil : Lula reprend la route
Guéri d’un cancer, l’ancien président brésilien briguera-t-il un troisième mandat en 2014 ? Dans l’immédiat, Lula ne ménage pas ses efforts pour aider le Parti des travailleurs à reconquérir la mairie de São Paulo.
Il y a neuf mois, Luiz Inácio Lula da Silva (66 ans) était au plus mal. On venait de lui diagnostiquer un cancer du larynx, et l’ancien président du Brésil (2003-2010) avait disparu de la scène pour se soigner. Il est aujourd’hui de retour. Ses médecins ayant révélé, le 28 mars, que sa tumeur avait disparu, Lula, un peu vieilli, amaigri et désormais imberbe, fait feu de tout bois. Son obsession est d’empêcher un membre de l’opposition d’accéder à la présidence en 2014, raison pour laquelle, dans une émission de télévision, le 31 mai, il s’est déclaré prêt à briguer un troisième mandat présidentiel si d’aventure Dilma Rousseff renonçait à se représenter.
En 2010, il avait quitté le pouvoir au faîte de sa popularité (80 % d’opinions favorables), après avoir réussi à faire du Brésil une grande puissance économique. Selon un récent sondage, 57 % des Brésiliens souhaitent qu’il soit de nouveau candidat, même si 64 % d’entre eux approuvent la gestion de l’actuel gouvernement. Mais Lula estime que Rousseff, dont il fut le mentor, va « devenir très forte en fin de mandat » et qu’elle aspirera sûrement à faire un nouveau mandat de quatre ans.
Mauvaise alliance
En attendant, l’ancien syndicaliste s’est lancé dans la campagne des élections municipales du mois d’octobre et ne ménage pas ses efforts pour faire élire Fernando Haddad, son ancien ministre de l’Éducation, à la mairie de São Paulo, la plus grande circonscription électorale du pays. Problème : il n’a pas hésité à s’allier avec Paulo Maluf, un parlementaire et homme d’affaires d’origine libanaise à la réputation exécrable : celui-ci a fait de la prison et fut naguère recherché par Interpol. Au Brésil, son nom a même donné le verbe « malufar », qui signifie prendre dans les caisses de l’État…
Les accusations de corruption visant le Parti des travailleurs au pouvoir ont tendance à se multiplier – et à exaspérer l’opinion. Cinq ministres de Dilma Rousseff ont ainsi été contraints de démissionner pour cette raison. Par ailleurs, une vieille affaire de pots-de-vin remontant à 2005 vient de refaire surface. L’opposition accuse l’ancien président d’avoir exercé des pressions pour en retarder le procès (la date de celui-ci a finalement été fixée au 1er août). Il n’est donc pas sûr que la constitution du trio Lula-Haddad-Maluf soit le meilleur moyen de reconquérir la capitale économique brésilienne, abandonnée à l’opposition en 2008. Pour la première fois, le verdict des urnes sera-t-il, en octobre, défavorable à Lula ?
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