Union européenne : que des gagnants
Lors du sommet de Bruxelles, l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie ont fini par trouver un compromis. La zone euro est, au moins provisoirement, sauvée. Ouf !
C’est un grand soupir de soulagement qu’ont poussé les gouvernements et les marchés au sortir du Conseil européen des 28 et 29 juin : la zone euro ne s’est pas désintégrée grâce au compromis auquel sont parvenus ses membres les plus importants (l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie). « J’ai atteint les trois objectifs que je m’étais fixés, a claironné François Hollande : faire de la croissance une priorité ; décider de mesures rapides pour soulager les États menacés ; et dessiner à moyen terme le cadre de l’approfondissement de l’Union économique et monétaire. » C’est évidemment trop beau pour être vrai. En fait, comme dans toute négociation réussie, chacun est reparti avec son lot de satisfactions et sa part d’amertume.
Le plus heureux était sans conteste Mariano Rajoy. Le président du gouvernement espagnol a obtenu gain de cause sur ses deux principales revendications. D’abord, la recapitalisation de ses banques en difficulté – via un prêt de 100 milliards d’euros de la zone euro – se fera directement, c’est-à-dire qu’elle ne sera pas comptabilisée comme de la dette publique et n’alourdira pas le ratio de la dette espagnole sur son produit intérieur brut. Ensuite, ce prêt ne sera pas considéré comme « senior », et ne sera donc pas remboursé en priorité en cas de défaut, perspective qui dissuadait les investisseurs d’acheter des obligations espagnoles.
Le butin de Hollande
Mario Monti, le président du Conseil italien, a arraché à l’Allemagne la promesse que les fonds de secours européens (FESF et MES) rachèteraient directement une partie de la dette des États asphyxiés par le coût de leur financement. Il souhaitait ainsi rassurer les marchés pour n’avoir pas à y recourir.
Le butin de François Hollande est d’avoir obtenu d’Angela Merkel la mise au point d’un plan d’investissements et de dépenses ciblées de 120 milliards d’euros. Soit 1 % du PIB européen, ce qui n’est pas rien. Il a aussi obtenu un accord pour l’instauration d’une taxe européenne sur les transactions financières, accord dit de « coopération renforcée », ce qui signifie que sa mise en oeuvre nécessitera l’accord non pas de 27 mais de 9 États membres.
Mais la chancelière allemande peut aussi se réjouir, discrètement comme à son habitude. Elle voulait davantage de supranationalité ? La Banque centrale européenne surveillera l’ensemble des banques de la zone, amorce d’une union bancaire. Elle exigeait davantage de rigueur ? Espagnols et Italiens devront appliquer les mesures demandées par l’UE et le FMI, telles l’augmentation de l’âge du départ à la retraite ou celle de l’assiette de la TVA.
"Règle d’or"
Du coup, Hollande a été obligé de remiser aux oubliettes son projet d’euro-obligations et d’accepter le traité de discipline budgétaire signé le 1er mars par Nicolas Sarkozy, alors qu’il avait promis pendant la campagne électorale de le renégocier. Pressé de questions sur la raison de ce recul, il s’en est tiré par une pirouette : « Je considère que ce sommet a abouti à cette renégociation. » Et pour conserver sa posture de résistance face à la volonté de rigueur allemande, la « règle d’or » ne sera pas inscrite dans la Constitution française, mais fera l’objet d’une loi.
Ce 19e sommet européen sera-t-il celui du salut de l’euro ? Est-il aussi « dynamique et positif » que l’a qualifié Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Lionel Jospin ?
Les Bourses mondiales l’ont salué par une nette progression de leurs cours, tandis que les taux imposés à l’Espagne et à l’Italie reculaient. Deux bonnes nouvelles qui demandent confirmation jusqu’à la fin de l’année pour qu’en Europe l’alerte soit enfin levée.
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