Forum mondial de la langue française : « Bousculez-nous ! »

Lors du premier Forum mondial de la langue française et d’une rencontre économique à forte connotation africaine, à Québec, l’OIF a affiché un nouveau dynamisme.

Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, à Québec (Canada), le 2 juillet. © Rogerio Barbosa/AFP

Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, à Québec (Canada), le 2 juillet. © Rogerio Barbosa/AFP

Publié le 11 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’à présent, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a surtout organisé des sommets de chefs d’État, oeuvré en faveur de la culture, de l’éducation ou des droits de l’homme, et exercé une diplomatie d’influence dans certaines crises africaines. Le tout avec d’indéniables succès. « Mais aujourd’hui, le temps presse », a lancé Abdou Diouf, son secrétaire général, lors du premier Forum mondial de la langue française, qui s’est tenu à Québec (Canada) du 2 au 6 juillet.

La société civile doit s’approprier une langue, le français, « qui dit le monde à sa façon », a déclaré l’ancien président sénégalais, qui s’est défini comme « un indigné linguistique face à un globish atrophié ». Quelque 220 millions de personnes parlent le français dans le monde ; elles seront 600 millions en 2050, dont 85 % en Afrique. Mais les pays anglophones comptent déjà 2,4 milliards d’habitants. Et ils seront 4 milliards dans quarante ans !

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Dépoussiérage

Cet appel a été repris par 1 500 conférenciers, dont un tiers d’Africains et beaucoup de jeunes. Tous ont dialogué, twitté, lu des contes, écouté des chansons, rédigé des communiqués… « Cette dynamique va donner du souffle à la Francophonie », se réjouit Clément Duhaime, l’administrateur de l’OIF, laquelle s’engage dans une vaste opération de dépoussiérage. « Bousculez-nous ! » a supplié Abdou Diouf. Les débats les plus vifs ont notamment porté sur les visas. « Partager la même langue est un privilège, mais nous devons pouvoir nous rencontrer », explique Fatou, une jeune Sénégalaise.

Près de trois cents acteurs économiques – dont beaucoup sous la bannière de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones – s’étaient également donné rendez-vous à Québec, pour la seconde édition de la Rencontre internationale de la Francophonie économique (Rifé). Un seul objectif : faire des affaires en français. Unité linguistique, similitude des systèmes de droit, histoire commune… « Ces atouts pourraient être des leviers de conquête et de développement en Afrique. Dommage : lusophones et anglophones sont bien plus dynamiques », a regretté Lionel Zinsou, le président du fonds d’investissements PAI Partners. « C’est à la France d’assurer le leadership de cette Francophonie économique, or elle ne le fait pas », renchérit Jean-Louis Billon, qui dirige le groupe agro-industriel ivoirien Sifca. En témoignait l’absence criante de responsables politiques et de grands patrons de groupes français, à l’exception de Zinsou et de Pete Selleck, le président du groupe Michelin en Amérique du Nord. Seuls des élus locaux ont fait le déplacement, dont Bertrand Delanoë, le maire de Paris.

À défaut d’engagements publics significatifs, les participants ont donc opté pour la politique des petits pas : organisation de forums d’affaires, soutien de PME africaines, lancement d’un portail numérique francophone, stratégie marketing pour promouvoir la « marque Francophonie »… Ils ont également formulé un voeu : être entendus lors du prochain sommet de l’OIF, qui doit se tenir à Kinshasa en octobre.

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Philippe Perdrix, envoyé spécial à Québec.

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