Au Bénin, la mouvance présidentielle remporte la majorité au Parlement
Le camp du président Patrice Talon a remporté la majorité des sièges, a déclaré le 12 janvier la Cour constitutionnelle, à l’issue d’un vote marquant le retour de l’opposition au Parlement après quatre ans d’absence.
Les partis de la mouvance présidentielle, le Bloc républicain (BR) et l’Union progressiste pour le renouveau (UP-R) ont remporté 81 des 109 sièges au Parlement, a déclaré Razaki Amouda Issifou, président de la Cour constitutionnelle. Le scrutin du 8 janvier a enregistré un taux de participation de 37,79%.
Les Démocrates, principal parti d’opposition dont le président d’honneur est l’ancien chef de l’État Thomas Boni Yayi, a pour sa part obtenu 28 députés. L’opposition participait pour la première fois aux élections depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon.
Vers une contestation des résultats ?
Sept partis politiques – parmi lesquels trois alliés de l’opposition – ont été autorisés à participer au scrutin. Seules les formations obtenant plus de 10% des voix peuvent obtenir des sièges au Parlement, selon un système proportionnel.
Plus tôt jeudi, le chef du parti des Démocrates, Éric Houndété, a rejeté les résultats provisoires, dénonçant des bourrages d’urnes, des truquages et des achats de voix « flagrants » par les deux principaux partis pro-gouvernementaux, sans toutefois fournir des preuves dans l’immédiat.
« Le parti des Démocrates rejette ces résultats, qui ne reflètent pas la volonté du peuple de faire de nous la première force politique du pays », a-t-il déclaré. Les résultats peuvent être contestés pendant une durée de 10 jours après la proclamation officielle des résultats.
La présidentielle de 2026 dans le viseur
Ce scrutin marquait en outre le retour de l’opposition au Parlement après quatre ans d’absence, elle qui n’avait pu participer aux précédentes législatives en raison d’un durcissement des règles du scrutin par le pouvoir.
Une mission d’observation de la Cedeao a jugé que le scrutin s’était déroulé pacifiquement et conformément aux règles en vigueur. Les dernières législatives organisées en 2019 avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record (plus de 70%) et une coupure totale de l’internet, des faits rarissimes au Bénin.
Pour l’opposition, ce retour au Parlement revêt une importance cruciale : les candidats à la présidentielle de 2026 devront être soutenus par des parlementaires pour être enregistrés.
Loi d’amnistie
Le Parlement joue également un rôle dans la composition de la Cour constitutionnelle, qui supervise les décisions relatives aux litiges électoraux. Son mandat prend fin cette année et quatre nouveaux juges doivent être nommés par les députés et trois seront choisis par le président.
Le parti des Démocrates a affirmé qu’il chercherait à faire adopter une loi d’amnistie afin d’obtenir la libération de ses membres emprisonnés et de permettre le retour des exilés.
L’ancienne cheffe de l’opposition, Reckya Madougou, a été condamnée en 2021 à vingt ans de détention pour « terrorisme ». Joël Aïvo, autre figure de l’opposition, a écopé la même année de dix ans de prison notamment pour « complot contre l’autorité de l’État » et « blanchiment de capitaux ». Tous deux ont été jugés par un tribunal spécial, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
(Avec AFP)
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