Quand un éditorialiste propose que Wagner bombarde la France depuis l’Afrique
Un éditorialiste russe suggère que le groupe paramilitaire d’Evgueni Prigojine frappe l’Hexagone depuis la Libye.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.
Depuis le début du conflit en Ukraine, les nations d’Afrique tentent de se situer à équidistance des belligérants, certains dirigeants insistant sur le fait que cette guerre n’est pas leur guerre. Ce jeudi 12 janvier, sur la chaîne d’État russe Rossiya 1, le sulfureux éditorialiste Vladimir Soloviev esquissait pourtant un scénario militaire qui embarquerait de fait le continent africain, ne serait-ce que dans sa dimension territoriale…
Quelques jours après avoir évoqué l’hypothèse d’une « frappe préventive » sur cette France pourvoyeuse de chars légers à l’Ukraine, le fervent soutien de Vladimir Poutine précisait que les forces russes pourraient passer par l’Afrique pour frapper le pays d’Emmanuel Macron, mais aussi le Royaume-Uni.
« Laisser le groupe Wagner frapper »
Les « forces russes » ? Admettant que le Kremlin serait « gêné de le faire », le propagandiste en appelle au groupe paramilitaire Wagner, qui renonce de plus en plus à la carte de la discrétion médiatique. Vladimir Soloviev est lapidaire : « Quelque chose va décoller d’Afrique, par exemple de la Libye, et va frapper la France », tandis qu’une attaque sur le territoire britannique pourrait provenir, via des drones, d’un « navire non identifié, appartenant à une organisation privée ». Et d’estimer explicitement qu’il faudrait « laisser le groupe Wagner frapper »…
Une fois de plus, la mystérieuse entité paramilitaire apparaît comme le double du régime russe, un avatar dont la légalité approximative permet l’exécution de besognes particulièrement sales. Pour chacun, la ligne de crête est étroite, aucune des deux nations – malgré la virulence du président russe à l’égard de l’Otan – ne souhaitant être celle qui déclarerait la guerre à l’autre.
Au-delà des menaces verbales, notamment d’apocalypse nucléaire, il reste donc au Ponce Pilate du Kremlin et à son griot zélé la perspective d’une dramaturgie militaire en complicité avec des forces privées. Forces privées qui, en l’espèce et à défaut d’être terroristes, sont tout de même censées travailler pour des commanditaires étatiques…
Les va-t-en-guerre russes ont-ils demandé leur avis aux Africains concernés par ce scénario de bombardement ? Pas sûr que Vladimir Soloviev en mesure l’impériosité. Primo, l’hypothèse d’une attaque militaire contre l’Otan n’est certainement envisagée sérieusement par aucun décideur russe, le narratif ayant vocation à frapper davantage les opinions publiques que le sol français. Secundo, Wagner possède déjà des leviers certains dans une Libye dont la gouvernance est chaotique. Tertio, Evgueni Prigojine aime marteler que son groupe défend des « démunis africains », dont il attend peut-être un renvoi d’ascenseur…
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