Deux Congos, deux sommets
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 2 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.
Deux dates et deux sommets à retenir pour les quatre prochains mois, dans la vie de ce grand corps malade du continent qu’est l’Afrique centrale. La première, à la mi-octobre, aura pour théâtre Kinshasa, où se tiendra le sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Le président français François Hollande s’y rendra-t-il ? Si l’on en croit les conditionnalités publiquement énoncées par le Quai d’Orsay, il faudrait pour cela qu’auparavant la gouvernance congolaise ait enregistré « des progrès concrets » dans presque tous les domaines. Et de les égrener : « libertés fondamentales », « droits de l’homme », « liberté de la presse », « transparence électorale »… Pourquoi pas. Reste qu’avec de tels critères, qu’on imagine applicables partout ailleurs sauf à croire qu’il existe deux poids et deux mesures, François Hollande devrait oublier toute idée de visite officielle à Pékin, Moscou, Riyad, Doha (la liste est loin d’être exhaustive) et ne voyager que dans les pays certifiés fréquentables par les ONG et la Banque mondiale. Difficilement imaginable. D’où cette recommandation de bon sens : le président Hollande doit aller à Kinshasa et y prononcer ce grand discours « refondateur » de la relation franco-africaine que tout le monde attend de lui. Toute autre solution serait, vue d’Afrique, illisible.
Deuxième date, deuxième sommet : celui des six pays membres de la Cemac, le 20 juillet, à Brazzaville. Cette fois, la France n’est pas concernée, et c’est entre eux que les chefs d’État de la région devront résoudre un vrai problème de crédibilité : l’actuelle présidence de la commission a failli à ses responsabilités, son titulaire doit être remplacé, la double obligation de compétence et de transparence doit être mise au centre de la maison et primer enfin sur les égoïsmes nationaux. Au risque de continuer à être à la traîne de ses homologues d’Afrique australe, d’Afrique de l’Est et d’Afrique de l’Ouest, la Cemac n’a d’autre choix que de balayer devant sa porte. Et ce n’est pas tout : après la banque centrale – la BEAC -, dont les écuries ont été nettoyées en 2010, l’heure est venue de se pencher sur la gestion de la banque de développement commune, la BDEAC, laquelle vient d’enregistrer une perte de 5 milliards de F CFA sur son exercice 2011. Selon des documents internes et externes auxquels J.A. a eu accès, les symptômes de mal-gouvernance qui ont touché les deux précédentes institutions sont, ici aussi, à l’oeuvre. Il est grand temps, pour les six leaders régionaux, de les traiter.
Et puisque votre journal consacre cette semaine sa couverture à la sorcellerie au coeur des pouvoirs, cette anecdote significative en guise de conclusion. Selon des sources directes – c’est-à-dire oculaires -, deux étranges personnages revêtus de toges blanches ont été vus le 23 juin au soir devant le bureau du président de la Commission à Bangui, en train de se livrer à de drôles d’incantations. Paniqué, le jeune directeur qui les a surpris est allé se confier aux gardes de sécurité, lesquels ont haussé les épaules : « Chef, ce n’est rien, c’est l’habitude. Ici, les sorciers entrent comme ils veulent. » Sur l’agenda des chefs d’État, à la date du 20 juillet, penser à ajouter ceci : désenvoûter la Cemac.
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