Le Cameroun métissé de Charlotte Dipanda

À 26 ans, la chanteuse sort son second album. Quatorze titres, entièrement arrangés par le bassiste Guy Nsangué, qui signent une quête d’autonomie plutôt réussie.

Son dernier opus résonne comme une volonté délibérée de resserrer son champ artistique. © Anthony Faure

Son dernier opus résonne comme une volonté délibérée de resserrer son champ artistique. © Anthony Faure

Clarisse

Publié le 25 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

À la sortie de Mispa, son premier album, paru en 2009, on lui avait reproché de vouloir montrer l’étendue de ses capacités. Charlotte Dipanda mélangeait alors allègrement, peut-être aussi ostensiblement, sonorités R’nB, pop et africaines. Inspiré par ses pérégrinations à travers les dix régions de son Cameroun natal, son dernier opus, Dube L’am (« ma foi », en langue douala), résonne comme une volonté délibérée de resserrer son champ artistique. Le résultat ? Une farandole de rythmes traditionnels que la jeune femme, installée en France depuis onze ans, a métissés pour en faire des chansons aux couleurs pop, adoubée par son illustre aîné Toto Guillaume. Comme sur « Soma Loba », qui débute sur un rythme bikutsi (centre du pays) avant d’enchaîner avec un refrain mangambeu (Ouest).

Une voix soul éclatante, souple et agile, un brin caverneuse, suit les courbes sinueuses des mélodies.

Si cette grande voyageuse a appris le solfège, le piano « et un peu le chant » à l’Institut art culture perception (IACP Paris) à son arrivée en France, c’est auprès de grands noms de la musique africaine comme Manu Dibango, Lokua Kanza ou encore Rokia Traoré que l’ex-habituée des cabarets camerounais fait ses armes à l’international, en tant que choriste. Une belle expérience qu’elle dit ne pas pouvoir s’empêcher de renouveler avec certains, elle qui est désormais en quête d’autonomie. Dans cet opus dont elle signe la majorité des textes et des musiques, énergie et inspiration circulent en toute fluidité. On découvre alors une chanteuse éclatante à la voix soul, d’une surprenante maturité. Une voix de l’âme aussi, souple, agile, un brin caverneuse, qui suit les courbes parfois sinueuses des mélodies, elles-mêmes suffisamment pernicieuses pour s’installer dans votre tête et ne plus vous quitter.

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« Coucou »

Cette mère d’un petit garçon, Jadi, n’hésite pas à se mettre à nu, à la fois câline et grave. Comme dans « Coucou » – l’un des titres les plus aboutis -, où elle invite son amoureux à se réfugier auprès d’elle pour oublier l’adversité du quotidien. Ou dans « Na Ndé », dédié à ce père qu’elle n’a jamais connu et qu’elle « cherche dans les yeux des hommes de sa vie ». Un manque qui a participé à l’éveil de sa sensibilité, qui s’exprime dans l’écriture de ses textes. Celle pour qui la chanson était juste un moyen pratique d’échapper au lycée sait aussi frapper de grands coups. Comme ces deux duos magnifiques : « Bodimbea », avec Richard Bona (« un rêve qu’elle aimerait voir réalisé », disait-elle au cours d’une émission de radio en 2009), et « Wé Ndé Nja », avec Jacob Desvarieux, où zouk et makossa s’entrelacent. 

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