Rwanda : le cyclisme, sport national
La fédération rwandaise organise deux courses internationales. Face à l’engouement de la population, elle songe à faire de ce sport l’équivalent de ce qu’est devenu l’athlétisme au Kenya : une spécialité.
Rwanda : l’âge de raison
Massés à l’arrivée des étapes, le long des routes dans chaque localité traversée, ils sont plusieurs dizaines de milliers à avoir suivi la quatrième édition du Kwita Izina Cycling Tour, organisée les 9 et 10 juin et dont le nom fait référence à la « cérémonie du baptême » célébrée à la même époque pour les bébés gorilles (lire pp. 90-91). Pourtant, le président de la Fédération rwandaise de cyclisme (Ferwacy), Aimable Bayingana, serait presque déçu : « C’est bien, mais rien comparé au Tour du Rwanda », organisé en novembre. L’an dernier, plus de 3,5 millions de personnes y ont assisté dans tout le pays, preuve de l’engouement qui entoure ce sport. Un enthousiasme que les autorités rwandaises tentent depuis cinq ans de traduire en véritable pratique professionnelle, afin de faire du cyclisme la « spécialité » du pays.
Petit budget mais grandes ambitions
Si la Ferwacy ne compte aujourd’hui qu’une soixantaine de licenciés, « les choses évoluent favorablement », assure Aimable Bayingana. « Nous avons un grand potentiel, beaucoup de jeunes veulent pratiquer ce sport », explique-t-il. Un avis partagé par l’ancien cycliste professionnel et premier Américain à participer au Tour de France (en 1981), Jonathan « Jock » Boyer : « Je teste cinq ou six coureurs par semaine. Il y a énormément de qualité ici. » C’est lui qui, en créant en 2006 la Team Rwanda, première équipe de cyclisme du pays, a posé la première pierre. Ils n’étaient que cinq membres au début, ils sont le double aujourd’hui. L’un d’entre eux, Abraham Ruhumuriza, vient de remporter le Kwita Izina Cycling Tour 2012 : il devient ainsi le premier coureur rwandais à gagner une course internationale. Un autre, Adrien Niyonshuti, est qualifié pour les Jeux olympiques de Londres, du 27 juillet au 12 août, dans l’épreuve tout-terrain de mountain bike.
Au-delà de l’aspect sportif, le Rwanda ambitionne de devenir une structure d’accueil et d’organisation reconnue. Bien qu’inscrit au calendrier de l’Union cycliste internationale (UCI) depuis un an, le Kwita Izina Cycling Tour reste une petite course à faible budget, et c’est surtout le Tour du Rwanda, créé en 1989 et intégré depuis 2009 à l’UCI Africa Tour, qui est la véritable vitrine du cyclisme rwandais. « La plupart des circuits continentaux sont sur plat. Avec sa diversité en termes de relief, le Rwanda peut être attractif », estime Aimable Bayingana.
Un atout pour le Rwanda
Qu’il s’agisse de l’aspect sportif comme de l’organisationnel, c’est bien l’image du pays qui est en jeu. Le président de la fédération en est persuadé : « Avec les diverses compétitions qui ont été organisées, les gens ont découvert un autre Rwanda. Un Rwanda prospère, pacifique et pacifié, avec des infrastructures routières bien faites et des infrastructures d’accueil à la hauteur », se félicite-t-il. De fait, membres de l’UCI, organisateurs de courses, présidents de fédérations voisines, entraîneurs, tous louent le travail et la bonne gouvernance de la Ferwacy. « C’est l’une des meilleures fédérations de cyclisme en Afrique, elle réussit à faire beaucoup avec peu de moyens », assure même Jonathan Boyer.
Aimable Bayingana est conscient du travail qu’il lui reste à effectuer pour élever le cyclisme au rang de sport national. Le coût de cette pratique, notamment, est un obstacle pour une majorité de jeunes. Mais il veut croire que « si on y met les moyens, le cyclisme au Rwanda, comme l’athlétisme chez [les] voisins kényans, peut considérablement se développer et, pourquoi pas, attirer des visiteurs lors du Tour du Rwanda ». Comme certains réservent leurs vacances sur le Tour de France.
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