Aérien : le Rwanda se sent pousser des ailes

Bien décidé à profiter de la croissance exceptionnelle du trafic en Afrique de l’Est, le Rwanda étoffe la flotte et le réseau de Rwandair. Il attire aussi d’autres compagnies sur son tarmac.

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Publié le 3 juillet 2012 Lecture : 3 minutes.

Rwanda : l’âge de raison
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Rwanda : l’âge de raison

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Pour faire de Kigali un hub aérien reliant le coeur du continent au Moyen-Orient, les autorités rwandaises s’appuient sur une stratégie en deux volets : « D’un côté, nous allons construire un nouvel aéroport dans le district de Bugesera [lire encadré, NDLR] pour doper notre capacité d’accueil à 3 millions de passagers par an. De l’autre, nous voulons augmenter la flotte et le réseau de notre compagnie Rwandair, pour renforcer l’attractivité de la place », explique Alexis Nzahabwanimana, ministre des Transports.

Alors que l’Afrique de l’Est est la région subsaharienne dont le trafic aérien croît le plus (plus de 20 % par an), Kigali est persuadé d’avoir une carte à jouer. « Depuis que nous avons lancé Rwandair en 2009 [à la suite de Rwandair Express, créée en 2002], nous avons doublé son trafic chaque année, pour atteindre 270 000 passagers en 2011 », se félicite Alexis Nzahabwanimana. Quant au trafic total de l’aéroport international de Kigali, il a atteint près de 400 000 passagers en 2011.

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Direction Lagos

Pour pousser son trafic, Rwandair, présidée depuis janvier par l’ancien patron d’Ethiopian Airlines, Girma Wake, modernise et complète sa flotte. La société a réceptionné en août 2011 un premier Boeing 737-800 et en attend un second dans les tout prochains mois. « Nous venons de vendre deux anciens jets Bombardier CRJ-200 et en avons commandé deux nouveaux, des CRJ-900, qui doivent être livrés en octobre. D’ici à la fin de l’année, nous aurons donc sept avions. Quatre seront propriété de la compagnie et trois en location », détaille le ministre, qui vise à terme une flotte de dix appareils.

Un nouvel aéroport

C’est le district de Bugesera, au sud de la capitale, qui a été choisi pour l’implantation du nouvel aéroport de Kigali. À terme, il devrait atteindre une capacité de 3 millions de passagers et 15 500 tonnes de cargaison par an. « Situé à quarante-cinq minutes en voiture de la capitale, il présente l’avantage d’être facilement extensible », précise Alexis Nzahabwanimana, le ministre des Transports. Le projet nécessitera un investissement massif d’environ 500 millions d’euros. Si la phase d’étude est presque achevée, la sélection du maître d’oeuvre du chantier doit être annoncée d’ici à la fin de 2012, pour une entrée en service en 2016. Christophe Le Bec.

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Le premier des deux Boeing a été affecté à une nouvelle ligne, inaugurée en décembre, vers Lagos. La capitale économique du Nigeria devient ainsi la première destination ouest-africaine de Rwandair. Une ouverture qui monte à treize le nombre de destinations de la compagnie, après Brazzaville, Libreville, Nairobi, Johannesburg, Addis-Abeba, Bujumbura, Entebbe (Ouganda)… Inversement, de grandes compagnies européennes et moyen-orientales ont mis la capitale rwandaise sur leurs plans de vols : après KLM, Brussels Airlines et Qatar Airways, c’était au tour de Turkish Airlines d’ouvrir, en mai, une ligne directe entre Istanbul et Kigali, avec des rotations trois fois par semaine.

Forte concurrence

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Mais le Rwanda doit faire face à ses puissants voisins. « Kigali a pour handicap majeur de se trouver à proximité des bases de Kenya Airways et d’Ethiopian Airlines, qui disposent d’une flotte d’appareils et d’une population autrement plus importantes, observe l’analyste Cheikh Tidiane Camara, du cabinet de conseil aérien Ectar. Même avec un nouvel aéroport doté d’une capacité de 3 millions de passagers par an, je ne vois pas comment Kigali réussira à attirer davantage que Nairobi [5,1 millions de passagers]. »

« Avec la forte croissance du trafic en Afrique de l’Est et le besoin criant de liaisons intra-africaines, les grandes compagnies aériennes du continent ne peuvent répondre à toute la demande, il y a de la place pour tous », veut croire Alexis Nzahabwanimana. Pour lui, la rigueur de la gestion du ciel rwandais, notamment en matière de sécurité aérienne, et la forte volonté politique de développer les infrastructures devraient aussi convaincre les passagers et les grandes compagnies de transiter par Kigali.

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