Alex Moussa Sawadogo : au Burkina, « le Fespaco est un acte de résistance »

Malgré deux coups d’État survenus dans le pays en 2022, la 28e édition du plus grand festival de cinéma panafricain aura lieu du 25 février au 4 mars.

Alex Moussa Sawadogo, délégué général du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, le 21 octobre 2021. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

eva sauphie

Publié le 21 janvier 2023 Lecture : 3 minutes.

Les 15 films en lice pour briguer le prestigieux prix de l’Étalon d’or de Yennega, présidé cette année par la productrice tunisienne Dora Bouchoucha, ont été révélés. Un choix difficile pour l’équipe du plus grand festival de cinéma panafricain et son délégué général, Alex Moussa Sawadogo. « On a affaire à une nouvelle génération prometteuse. La production est de très bonne qualité et parle à l’Afrique comme au monde », assure-t-il. Parmi la sélection officielle, des œuvres originaires du Cameroun, de la Tunisie, du Burkina Faso, du Sénégal, de l’Égypte, du Nigeria, du Mozambique, d’Angola, du Kenya, de l’Ile Maurice, du Maroc, de l’Algérie et de la République Dominicaine qui rejoint pour la première fois la sélection.

Diversité du cinéma africain

Au total, 1 200 films ont été visionnés par les équipes, et 170 œuvres de cinéma, de télévision, des documentaires et séries ont été sélectionnés pour rejoindre les 11 catégories du festival. « Cette sélection montre la diversité du cinéma africain, avec de nouvelles formes d’écriture qui sortent des sentiers battus, comme le polar fantastique Ashkal signé Youssef Chebbi, ou encore Mon père, le diable, d’Ellie Foumb. Une œuvre très forte ».

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Un travail de titan que l’on doit à la persévérance d’un comité de sélection qui ne s’est pas laissé gagner par le découragement face au défi sécuritaire. « Là se trouve notre force, car il y a deux ans nous avons dû à la fois faire face à la question sanitaire et à celle liée à l’insécurité. Malgré cela, nous avons réussi à mettre sur pied l’édition en réunissant de nombreux professionnels », rappelle le délégué qui reste convaincu que le cinéma peut conduire à la paix et à la réconciliation au Burkina et dans la sous-région, particulièrement touchés par la menace jihadiste.

« Les cinémas d’Afrique et de la diaspora ont toujours eu un ancrage très politique. Et cette édition du Fespaco arrive à un moment très crucial de la crise, même au regard de la situation en Ukraine, où les professionnels du cinéma et le public venu du monde entier se réunissent pour parler le même langage et défendre la réconciliation des peuples. Le Fespaco est un acte de résistance qui s’inscrit au-delà de la volonté des autorités. »

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C’est aussi dans un climat de brouille diplomatique entre Paris et Ouagadougou que cette 28e édition se tiendra. Le départ de l’ambassadeur de France, Luc Hallale, à la demande de la junte, pourrait remettre en cause des partenariats historiques. Mais « le CNC, un bras droit depuis toujours, Canal+ ou encore TV5 Monde, ont confirmé leur soutien », affirme Alex Moussa Sawadogo.

Il faudra pourtant compter sans l’Institut Français cette année, une première, qui n’accueillera pas de films. Pour les équipes, un plan B s’impose. « Une série de coproductions avec la France a été sélectionnée. C’est ce qui compte. Cette brouille n’a pas d’impact sur le contenu du Fespaco. Un endroit qui dépasse la question politique. Ce festival est d’abord un espace consacré à l’imagination et à la création qui permet d’amener le dialogue pour trouver ensuite des terrains d’entente politiques. »

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Affiche de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). © Fespaco

Affiche de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). © Fespaco

La sélection officielle des films retenus pour briguer l’Étalon d’or du Yennenga

  • La plantation des planteurs, de Dingha Eystein Young (Cameroun)
  • Mon père, le diable, d’Ellie Foumb (Cameroun)
  • Ashkal, de Youssef Chebbi (Tunisie)
  • Under the fig trees/Sous les figues, d’Erige Sehiri (Tunisie)
  • Sira, d’Apoline Traoré (Burkina)
  • Abu Saddam, de Nadine Khan (Égypte)
  • Bantú Mama, de Ivan Herrera (République dominicaine)
  • Mami Wata, de C. J. « Fiery » Obasi (Nigeria)
  • Maputo Nakuzandza, d’Ariadine Zampaulo (Mozambique)
  • Our lady of the Chinese Shop, d’Ery Claver (Angola)
  • Shimoni, d’Angela Wamaï (Kenya)
  • Simin Zetwal/Regarde les étoiles, de David Constantin (Île Maurice)
  •  The Blue Caftan/Le bleu du Caftan, de Maryam Touzani (Maroc)
  •  The Last Queen/ La dernière reine, de Damien Ounouri (Algérie)
  • Xalé, Les blessures de l’enfance, de Moussa Séné Absa (Sénégal)

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