En Égypte, les start-up s’attaquent au fléau du plastique

En Égypte, premier pollueur en plastique du Moyen-Orient et d’Afrique, de jeunes entrepreneurs tentent de transformer les millions de tonnes de déchets qui inondent le Nil, la Méditerranée et les décharges à ciel ouvert.

Des employés de la start-up TileGreen préparent des briques de plastique recyclé, en décembre 2022, dans la banlieue du Caire. © Ahmed HASAN / AFP

Publié le 21 janvier 2023 Lecture : 3 minutes.

Le pays de 104 millions d’habitants – où 67 % des déchets « ne sont pas gérés adéquatement », selon la Banque mondiale – s’est engagé à diviser par deux sa consommation de plastique à usage unique d’ici à 2030.

Mais avant cela, de jeunes protecteurs de l’environnement et des ingénieurs ont décidé d’utiliser les déchets plastiques : les premiers les sortent des eaux du Nil et les ingénieurs en font des briques, une alternative verte au ciment et à sa lourde empreinte carbone.

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Contamination des poissons par les microplastiques

Les 5,4 millions de tonnes de déchets plastiques produites chaque année en Égypte se retrouvent généralement dans des décharges illégales qui se déversent dans le Nil et la Méditerranée, où elles empoisonnent la faune aquatique. Plus de trois quarts des poissons pêchés au Caire dans le plus grand fleuve d’Afrique contiennent des microparticules de plastique, alerte une étude publiée en 2020.

Plus au nord, à Alexandrie, cette année ce chiffre atteint 92%, alertent des chercheurs l’Institut égyptien de l’océanographie et de la pêche. Au Caire, sur l’île de Qoursaya, pour arrondir leurs fins de mois, des pêcheurs ont commencé à remplir leurs filets de plastique.

Hany Fawzy, responsable de projet chez VeryNile, un projet soutenu par le ministère de l’Environnement, achète « entre dix et douze tonnes de plastiques chaque mois » à 65 pêcheurs qui collectent et trient les déchets à même leurs embarcations. Le plastique est ensuite compressé puis recyclé ou incinéré comme carburant dans une usine de ciment du Sud.

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Des briques deux fois plus solides que le béton

Selon l’OCDE, moins de 10% du plastique dans le monde est recyclé, notamment en raison de la difficulté ou du coût du procédé. De nombreux produits plastiques – et plus particulièrement les emballages flexibles contrecollés comme ceux des paquets de chips – sont « composés de différentes couches de plastique et d’aluminium presque impossibles à séparer et donc à recycler », affirme à l’AFP Khaled Raafat, cofondateur de la start-up TileGreen.

« La plupart du temps ce plastique sans ou à très peu de valeur termine dans des décharges, incinéré ou dans notre environnement, nos mers et nos cours d’eau », renchérit son associé Amr Shalan. Derrière lui, une broyeuse avale du plastique pour le recracher sous forme de briques à la couleur foncée, « deux fois plus solides que le béton », s’enorgueillit M. Rafaat en en jetant une sur le sol.

Selon l’OCDE, la production annuelle de plastique devrait tripler en 2060

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« Seuls 11 à 15% des déchets plastiques sont recyclés en Égypte chaque année. On travaille avec des entreprises de recyclage et on récupère ce qu’ils ne peuvent pas utiliser », explique M. Shalan. Une brique, dit-il, c’est 125 sacs en plastique. TileGreen en a déjà produit 40 000 et se fixe comme objectif d’avoir recyclé entre trois et cinq milliards de sacs plastique d’ici à 2025.

Néanmoins ce ne sera sûrement pas assez. Selon l’OCDE, la production annuelle de plastique devrait tripler en 2060 à 1,2 milliard de tonnes. Dans le même temps, un autre chiffre va doubler : celui des 100 millions de tonnes de déchets plastiques non recyclées ou abandonnées dans la nature chaque année.

« Le plastique ne va pas disparaître. Avec leurs initiatives, ils ont créé un marché et il y avait clairement de la demande », analyse Mohamed Kamal, codirecteur de Greenish, qui a aidé à créer VeryNile. « Tout ce qui crée de la valeur à partir des déchets en Égypte est un pas en avant », martèle-t-il. « Mais on reste à la surface et cela ne résout pas le problème de fond. »

                                                                                                                                                                                                                                              (Par Bahira Amin, AFP)

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