Winnie et Valérie
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 19 juin 2012 Lecture : 2 minutes.
Au moment où Dallas, la série télévisée la plus connue de la planète, ressuscite aux États-Unis après vingt années d’hibernation, son avatar a envahi les écrans français tout au long de la semaine écoulée. Avec Valérie Trierweiler dans le rôle de la méchante Sue Ellen et Ségolène Royal dans celui de l’adorable Lucy, l’adaptation ne pouvait être que calamiteuse : elle a tourné au jeu de massacre. Certes, François Hollande aura attendu trente-cinq jours avant d’affronter sa première tempête médiatique, alors qu’il avait suffi d’une nuit, celle du Fouquet’s, pour plomber les chances de réélection de Nicolas Sarkozy. Certes, à la différence de ce dernier, il ne saurait être tenu pour responsable de ce qui lui arrive, ce « tweetweilergate » de boulevard lui ayant sauté sans prévenir à la figure entre deux réunions. Il n’empêche : l’incident laissera des traces durables dans l’opinion française, à moins que François Hollande, dont l’aptitude à dire non, à choisir, à trancher et parfois à blesser n’a jamais été le point fort, démontre qu’il gère son couple comme il entend gérer son pays. Un homme normal peut-il vraiment exercer un métier anormal ? À lui d’en apporter la preuve.?
Bien sûr, ce n’est pas en Afrique qu’un chef d’État connaîtrait pareille avanie. D’abord parce que les premières dames n’y tweetent pas : trop risqué. Ensuite parce que, contrairement à Valérie Trierweiler, elles n’ont pas d’états d’âme déplacés, ne sont pas du genre à cracher dans la soupe, préféreraient se faire occire que d’abandonner leur statut et font tout en général pour que leur époux demeure en poste le plus longtemps possible. Enfin, parce que le chef d’État africain, c’est bien connu, ne laisse à personne, et surtout pas à sa femme, le privilège de porter la culotte présidentielle. Tout du moins en public. Car, une fois refermées les portes du Palais, c’est une tout autre histoire qui se joue, le plus souvent avec son lot de crises de nerfs, de chantages affectifs, de jeux d’influence néfastes ou bénéfiques, de népotismes subtils ou caractérisés, d’adultères en série et de maraboutages occultes. En France, Courteline n’est jamais loin. En Afrique, cela a une autre classe : Shakespeare revisité par Soyinka.?
Une fois pourtant, l’épouse d’un homme d’État déjà au faîte de sa gloire est passée au travers de ce miroir d’hypocrisie. Malheureusement pour elle, le sort a voulu que son mari soit une icône, la rejetant ipso facto du mauvais côté de l’Histoire sans que l’on prenne la peine de l’écouter. Comme Valérie et Ségolène, Winnie Madikizela ex-Mandela, 75 ans aujourd’hui, était une femme fantasque, intenable, dissidente, rebelle, insoumise. Comme elles, elle n’était pas faite pour être une première dame…
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