En Zambie, tout est permis ?
Débarrassé de ses oripeaux coloniaux, le code pénal zambien ne punit plus le délit d’offense au chef de l’État, comme l’avait promis le président Hakainde Hichilema, lequel est en passe de devenir le nouveau chouchou des Occidentaux.
-
Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 28 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.
Il faudra sans doute braver un peu d’autocensure avant d’oser « diffamer » le chef de l’État zambien. Le code pénal de 2022, récemment approuvé par Hakainde Hichilema, valide pourtant bien l’abolition de la peine de mort et du « délit pénal de diffamation du président », qui figuraient déjà dans les textes de loi avant l’indépendance.
Effacement des lois coloniales
L’annonce faite par le porte-parole de la présidence, Anthony Bwalya, a été suivie d’un tonnerre d’applaudissements parmi les militants des droits humains, qui y ont perçu le signe d’une libération de la parole, de l’effacement progressif de lois coloniales aussi répressives qu’anachroniques et, finalement, d’une nouvelle étape dans l’enracinement de la démocratie. Dans cet ancien protectorat britannique de Rhodésie du Nord, les ONG spécialisées invitent maintenant le chef de l’État à aller plus loin, en dépoussiérant également la loi sur l’ordre public et l’accès à l’information.
Si l’abolition du délit zambien d’offense au chef de l’État était prévisible, c’est qu’elle avait été promise par le candidat Hichilema, opposant historique ayant accédé au pouvoir en août 2021, à la faveur d’une transition démocratique apaisée avec son prédécesseur, Edgar Lungu. Certes, le pays ne fait pas les couvertures des magazines internationaux, mais le surnommé « HH » éveille beaucoup de bienveillance au sein de chancelleries occidentales en quête de nouveaux relais africains.
C’est ainsi que la gouvernance zambienne a été qualifiée de « nouvelle aube » par l’administration Biden, lors de la conférence internationale contre la corruption de décembre dernier. Une aurore qui promet rien de moins que l’éradication de la corruption rampante et la résurrection de l’économie.
Nouveaux interlocuteurs
Les pays occidentaux ont soif de nouveaux interlocuteurs, sur un continent où certaines nations ont tourné casaque, notamment dans la zone francophone. Au Sahel fleurissent des discours néo-souverainistes, rendus possibles pas des coups d’État. Dans ces pays ouest-africains, justement, la critique du chef de l’État à la Zambienne ne semble plus la moindre des choses. Le culte de la personnalité de présumés sauveurs providentiels, voire l’accusation de crime de lèse-majesté, reprennent peu à peu du poil de la bête, via un griotisme viral plus ou moins spontané et sous le couvert d’un consensus patriotique exigé au nom du moral des troupes anti-jihadistes. Critiques s’abstenir.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...