Au Mali, le blues des Casques bleus de la Minusma

Dans un projet de rapport, l’Organisation des Nations unies affirme que la présence de la Minusma ne serait plus justifiée.

Un rapport d’experts onusiens émet de forts doutes sur l’efficacité et la viabilité de la mission de l’ONU au Mali. © Damien Glez

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Publié le 21 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.

La valse des treillis expatriés va-t-elle continuer au pays de Modibo Keïta ? Après le départ – notamment – des soldats français de la force Barkhane et le débarquement des « instructeurs russes », des interrogations se font jour sur le maintien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Remis aux membres du Conseil de sécurité, un projet de rapport de l’ONU évoque un possible retrait des Casques bleus, dont le mandat a pourtant été renouvelé pour un an en juin dernier.

Certes, le secrétaire général continue de qualifier cette présence au Mali de « pertinente », autant – voire davantage – qu’à la création de la Minusma, en 2013, dans un État que nombre d’observateurs jugeaient alors menacé d’effondrement sous la poussée jihadiste. C’est pourtant avec un sentiment d’impuissance qu’António Guterres déplore : « La Minusma est une opération de maintien de la paix là où il n’y a pas de paix à maintenir »…

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Trois scénarios

La force onusienne se casserait les dents sur plusieurs infortunes : la dégradation objective de la situation sécuritaire, l’interruption du soutien de certaines opérations étrangères, les entraves imposées par les autorités maliennes en matière de liberté de mouvement des Casques bleus et l’effectif de la force. À l’avenir, la Minusma ne serait « viable » que si les 12 388 militaires et 1 598 policiers déjà présents obtenaient le renfort de plusieurs milliers de nouveaux affectés, entre 2 000 et 3 680 personnes, selon les options.

Le nouveau rapport esquisse trois scénarios. Le premier, celui du renforcement des effectifs et des marges de manœuvre, ne pourrait se réaliser qu’à la condition de progrès dans une transition politique malienne censée s’achever par une remise des clés aux civils d’ici 14 mois. La seconde option esquisse un « retrait des unités en uniforme » et la mutation de l’actuel mandat en « mission politique spéciale » uniquement présente à Bamako.

L’évolution incertaine de la volonté politique malienne, l’élasticité aléatoire des budgets onusiens et la disponibilité hypothétique de nouvelles troupes parmi des pays contributeurs timorés ébaucheront peut-être le troisième scénario, qui pourrait encore ressembler à un « entre-deux » infertile, avec la fermeture de certains camps de Casques bleus ou une réduction de la présence dans le centre du pays.

En attendant que la version validée du rapport suscite des débats dans les immeubles feutrés des Nations unies, les regards se tournent vers le régime malien. Les volontaristes tout à la fois nationalistes et panafricanistes n’apprécieront guère certaines lignes qui évoquent une dégradation sécuritaire du territoire, alors même qu’ils annoncent régulièrement la « montée en puissance des forces patriotiques ».

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