Afghanistan : le clan Karzaï, un vrai panier de crabes
À l’approche du retrait américain (en 2014), le clan Karzaï panique et se déchire : qui va faire main basse sur le magot ?
Le clan Karzaï est rongé par une sourde angoisse. Que va-t-il advenir de lui après le retrait d’Afghanistan des forces de la coalition, en 2014 ? Pour la présidence de la République, Qayum annonce qu’il entend succéder à Hamid, son frère, mais cette prétention fait sourire tant le rejet de la famille, corrompue au-delà de toute raison, est unanime chez les Afghans. La vraie question est autre : qui va mettre la main sur l’immense fortune peu légalement amassée par le clan depuis dix ans ?
Jusqu’en juillet 2011 et le mystérieux assassinat d’Ahmed Wali Karzaï, qui fut garçon de café à Chicago avant de devenir dans l’ombre de son frère le véritable homme fort du pays (il était le chef de la tribu des Popalzai et présidait le conseil provincial de Kandahar), tout semblait en ordre. Depuis, les cartes ont été rebattues et la confusion s’installe.
Âpre au gain. Hamid a cru habile de nommer un autre de ses frères, le pâle Shah Wali, à la tête de sa tribu. Or, à l’usage, celui-ci ne s’est pas montré moins âpre au gain que les autres. Ni moins dénué de scrupules. Il s’est d’abord fait nommer directeur du projet Aino Mena, un programme de construction de près de 15 000 logements sur des terrains appartenant à l’armée, non loin de Kandahar. Le promoteur de l’opération est la société Afco, que possède, avec quatre associés, un certain Mahmoud Karzaï. On n’en sort pas !
Peu désireux de jouer longtemps les seconds couteaux, Shah Wali s’est alors empressé de créer sa propre société, d’ouvrir des comptes bancaires à son nom et d’y transférer 55 millions de dollars appartenant à Aino Mena. Fou de rage, Mahmoud réclame leur restitution. Shah Wali ne conteste pas l’agile soustraction, mais jure qu’il ne s’y est résolu que pour le bien des habitants de Kandahar, puisque son horrible frère aurait pu provoquer la faillite de la société en transférant frauduleusement l’argent à Dubaï, comme il le fit en 2010 avec les avoirs de la défunte Kabul Bank.
Shah Wali s’intéresse aussi à un certain Zamarai, un ex-conseiller d’Ahmed Wali qui se hâta de gagner Dubaï après l’assassinat de son patron. Or c’est dans l’émirat que ce dernier aurait mis à l’abri une partie de sa fortune. Le train de vie fastueux de Zamarai ayant éveillé les suspicions, il a été, lors d’un récent séjour à Kandahar, arrêté par les hommes de Shah Wali et incarcéré dans une prison de haute sécurité…
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