UA – Maite Nkoana-Mashabane : « Chacun son tour ! »
Pour la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane, il serait juste que la candidate de l’Afrique australe – la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma – succède à Jean Ping à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA), en juillet.
Pretoria et Libreville campent sur leurs positions. Fin janvier, ni la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma ni le Gabonais Jean Ping n’est parvenu à se faire élire à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA). Les rencontres plus ou moins formelles organisées en mars puis en mai à Cotonou (le Bénin dirige l’UA) n’y ont rien fait. En juillet pourtant, les États membres devront à nouveau voter. De passage à Paris, Maite Nkoana-Mashabane, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, se dit convaincue qu’une solution sera trouvée au sommet de Lilongwe (Malawi).
Jeune Afrique : L’Afrique du Sud maintiendra-t-elle jusqu’au bout sa candidature à la présidence de la Commission de l’Union africaine ?
Maite Nkoana-Mashabane : Il faut bien comprendre que Nkosazana Dlamini-Zuma [la ministre sud-africaine de l’Intérieur, NDLR] n’est pas la candidate d’un pays, mais de toute une sous-région. En août 2011, les chefs d’État de la SADC [Communauté de développement de l’Afrique australe] lui ont apporté leur soutien à l’unanimité. Aucun autre nom n’avait été évoqué à l’époque, aucun autre nom n’a été proposé depuis.
À Addis-Abeba, l’UA a échoué à départager Jean Ping et Nkosazana Dlamini-Zuma. Ne risque-t-on pas de se retrouver dans la même situation de blocage en juillet ?
Ne parlons pas d’échec. Toutes les règles ont été respectées, à l’exception d’une seule d’ailleurs, puisque Jean Ping a été maintenu dans ses fonctions pour quelques mois supplémentaires. En temps normal, n’ayant pas réussi à remporter la majorité des deux tiers à l’issue du quatrième tour du vote, il aurait dû laisser la place à son vice-président, qui aurait assuré l’intérim jusqu’au prochain sommet. Les chefs d’État, dans leur grande sagesse, en ont décidé autrement.
Il n’y a pas eu de blocage à Addis-Abeba. Seulement de la démocratie.
Mais le fait est que l’on s’est retrouvé dans une impasse !
Pourquoi parler d’impasse ou de crise alors que, si cela s’était passé en Europe ou ailleurs, on aurait parlé de démocratie ? C’est exactement ce que nous avons eu à Addis-Abeba : de la démocratie. Personne ne peut le regretter. En outre, jamais une femme n’a occupé ce poste. Jamais non plus la fonction n’est allée à l’Afrique australe – ni à l’Afrique du Nord, mais elle n’a pas présenté de candidat. Le principe de rotation régionale n’est remis en question par personne, mais il doit maintenant être appliqué.
C’est effectivement une règle tacite. Une autre règle tacite veut qu’aucun grand pays ne préside la Commission de l’UA…
Je fais une différence claire entre les principes établis et les rumeurs que les gens se racontent en dehors des réunions. J’ai lu à plusieurs reprises les statuts de l’UA et je peux vous dire que je n’ai jamais rien lu concernant ces « grands pays » dont vous parlez.
Mais cela pourrait être une tradition ?
Nous sommes une organisation régie par des règles, pas par des traditions.
Nous sommes une organisation régie par des règles, pas par des traditions. Et si vous allez par là, souvenez-vous que quand l’UA était encore l’OUA [Organisation de l’unité africaine], un de ses secrétaires généraux avait été un Nigérian. Le Nigeria n’est-il pas un « grand pays » ? Quant au principe de rotation régionale, ce n’est pas une tradition, j’insiste sur ce point. La preuve, c’est qu’à plusieurs reprises on nous a demandé à nous, l’Afrique australe, de présenter un candidat.
Ne faudrait-il pas au moins changer les règles du vote et instituer une majorité simple, au quatrième tour par exemple, pour éviter un nouveau blocage ?
Les règles sont là, et nous devons les respecter.
L’UA aurait besoin d’être forte et unie pour faire face aux crises majeures que connaît le continent, au Mali par exemple…
Elle n’est pas affaiblie. Je ne laisserai personne dire que cette démocratie pour laquelle nos pères fondateurs se sont battus et pour laquelle ils sont morts peut nous affaiblir. En 2013, l’UA aura 50 ans. Ce qui devrait nous préoccuper aujourd’hui, ce n’est pas cette élection, mais le renforcement de nos capacités.
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Propos recueillis par Anne Kappès-Grangé
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