Mali : les forces en présence dans le Nord
Alors que toutes les conditions pour un dénouement violent de la crise au Nord-Mali sont réunies, Jeune Afrique fait le point des forces en présence. Entre le délitement de l’armée malienne et le suréquipement des rebelles et des islamistes.
Qui peut sauver le Mali ?
L’armée malienne : une lente agonie
En 1960, l’armée malienne comptait 1 600 hommes. Tous étaient d’anciens tirailleurs rapatriés d’Algérie sur ordre du président Modibo Keita. Ils disposaient de 1 500 armes de poing (dont 400 prêtées), de 140 véhicules et de moins de 30 m3 en réserves de carburant ! En 1991, avant la chute de Moussa Traoré, l’armée malienne était très bien dotée, avec notamment ses 38 avions de chasse (Mig-17 et Mig-21).
L’arsenal au sol était également beaucoup plus fourni qu’aujourd’hui : 49 chars (T-34, T-55, T-72), 94 véhicules pour le transport des troupes, une centaine de pièces d’artillerie, 10 orgues de Staline, 4 Shilka (engin blindé surmonté de 4 canons antiaériens guidés par radar) et 10 lance-missiles sol-air.
Composition et stratégie des groupes armés du Nord :
Le MNLA, dont le chef d’état-major est Mohamed Ag Najim, et Ansar Eddine, dirigé par Iyad Ag Ghali, sont essentiellement composés de Touaregs. Viennent ensuite des Arabes, des Peuls et des Songhaïs. Le Mujao, dirigé par Ahmada Ould Mohamed Kheirou, alias Abou Ghoum-Ghoum, comprend essentiellement des Arabes et des Songhaïs. Les principaux émirs d’Aqmi au Mali sont Abou Zeid, Mokhtar Belmokhtar et Yahya Abou Hamam, tous trois algériens, et Abdelkarim al-Targui, d’origine malienne. Ce groupe terroriste est très hétéroclite (Algériens, Mauritaniens, Marocains, Libyens, Nigériens…). Depuis quelque temps, la présence de Nigérians de la secte islamiste Boko Haram est avérée, celle d’instructeurs pakistanais en provenance de Somalie est évoquée par certaines sources.
Tous ces groupes armés ont des centres de formation : le désert immense pour Aqmi, Gao pour le MNLA où, selon un chef du mouvement rebelle, « 600 jeunes suivent une instruction », et Tombouctou pour Ansar Eddine. Si les contacts entre ces groupes armés sont réguliers, ne serait-ce que pour le contrôle des routes empruntées pour les trafics et les ravitaillements en nourriture et en carburant, il n’y a pas de stratégie conjointe clairement définie en cas d’attaque. Mais il n’est pas exclu que « nous combattions ensemble », explique Bilal Ag Acharif, le secrétaire général du mouvement touareg. « Et si Ansar Eddine fait de son côté appel à Aqmi, ce ne sera pas notre problème », conclut-il.
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