Général Lamine Cissé : « Il ne faut pas tarder » à intervenir au Nord-Mali

L’ex-chef d’état-major du Sénégal et ancien représentant spécial des Nations unies en Afrique de l’Ouest, le général Lamine Cissé, insiste sur la qualité des renseignements nécessaires avant l’envoi de troupes au Nord-Mali.

Général Lamine Cissé : « Plus vous attendez, plus l’ennemi se renforce ». © Desirey Minkoh/AFP Imageforum

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Publié le 21 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Qui peut sauver le Mali ?
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Qui peut sauver le Mali ?

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Jeune Afrique : Initialement, la Cedeao envisageait d’envoyer 5 000 militaires au Mali. Est-ce que cela suffit ?

Général Lamine Cissé : En matière de combat, ce ne sont pas uniquement les effectifs qui comptent. Le rapport des forces dépend également des capacités et de l’équipement de l’ennemi. De ce point de vue, l’évaluation précise de la situation sur place est indispensable avant d’envoyer des troupes. D’autant que sur ce théâtre d’opérations il y a les rebelles du MNLA [Mouvement national pour la libération de l’Azawad, NDLR], qui revendiquent un territoire, et les djihadistes, qui ont un tout autre agenda. Cela complique la situation.

Il faut éviter que les populations fraternisent avec l’ennemi, qui lui au contraire va chercher des appuis locaux. Ne serait-ce que pour se dissimuler.

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Il faut également couper ces groupes armés des populations en favorisant le développement économique de la zone et en satisfaisant les besoins essentiels des habitants. On peut ainsi éviter qu’ils fraternisent avec l’ennemi, qui lui au contraire va chercher des appuis locaux. Ne serait-ce que pour se dissimuler.

Avec un risque de guérilla urbaine…

C’est à envisager. Pour éviter cela, le renseignement est capital. Les services spéciaux doivent obtenir un maximum d’informations : effectifs, nature de l’armement, nombre de véhicules, caches d’armes, relations avec les populations… Il faut savoir ce qu’il y a de l’autre côté.

Un appui aérien est-il nécessaire ?

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Cela fait partie de l’arsenal, mais il faut savoir précisément sur qui on tire pour éviter les dégâts collatéraux.

L’armée malienne peut-elle intervenir seule ?

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J’en doute. Elle avait déjà auparavant du mal à venir à bout d’Aqmi [Al-Qaïda au Maghreb islamique]. Une force africaine dispose de moyens supérieurs, et avec un soutien logistique occidental, cela peut inverser le rapport des forces.

L’habitude de ce genre de terrain est-elle nécessaire ? En clair, faut-il envoyer des soldats sahéliens ?

Non, pas forcément. Les militaires savent s’adapter, ils s’entraînent pour cela.

N’en doutons pas, des plans sont déjà établis et les liaisons sont permanentes.

Qui doit assurer le commandement de l’opération, et quel doit être le niveau de coopération avec Bamako ?

Cette question est du ressort des dirigeants politiques. Les états-majors définiront ensuite les contours du commandement pour constituer une force homogène et efficace. Ils prendront également les dispositions nécessaires pour travailler avec Bamako. Mais n’en doutons pas, des plans sont déjà établis et les liaisons sont permanentes.

Quel doit être l’objectif d’une telle opération : sécuriser la région ou neutraliser l’ennemi ?

Cela dépend de la vision des Maliens et de la communauté régionale. C’est une décision politique, et les militaires s’adapteront ensuite avec un scénario adéquat. Mais, j’insiste, il ne faut pas tarder. Plus vous attendez, plus l’ennemi se renforce.

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