Le Pont de la rivière Kwaï II

Publié le 7 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Célèbre film tiré du roman de Pierre Boulle, Le Pont de la rivière Kwaï (1957) fait partie de la mémoire collective occidentale. Qui n’a jamais fredonné La Marche du colonel Bogey, cet air sifflé par les colonnes des prisonniers de guerre dans la jungle thaïlandaise ? La construction forcenée de ces quelque 420 km de voie ferrée entre Nong Pladuk, à l’ouest de Bangkok, et Thanbyuzayat, au sud du port birman de Moulmein, s’acheva en 1943. Elle fut un véritable enfer. Treize mille prisonniers britanniques, néerlandais, australiens et américains, et près de cent mille civils asiatiques y périrent d’épuisement, de maladie et des sévices infligés par les Japonais.

Tombé dans l’oubli depuis sa destruction par les Alliés en 1945, le « chemin de fer de la mort » n’était plus guère fréquenté que par des touristes nostalgiques de la Seconde Guerre mondiale. Le 20 mai, Aung Min, le ministre birman du Rail, a annoncé sa réouverture et le lancement d’une étude de faisabilité concernant un tronçon de 105 km allant jusqu’à la province de Kanchanaburi, en Thaïlande. « Nous tenterons de lancer le chantier après la saison des pluies, avec l’aide de la communauté internationale », a-t-il dit.

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Pour la Birmanie, désormais engagée sur le chemin de la démocratie, la reprise de ce projet né dans les années 1990 s’inscrit dans un effort global de désenclavement de l’une des régions les plus pauvres du pays. La voie ferrée traverse en effet le territoire de la minorité karen, avec qui le président Thein Sein a signé, en janvier, un cessez-le-feu qui a mis fin à soixante-trois années d’affrontements. Le succès du chantier offrirait à la région de substantielles retombées économiques et touristiques. Sans doute permettrait-il aussi d’apaiser les tensions avec la Thaïlande voisine.

Réfugiés

Depuis des années, cette dernière souhaite renvoyer chez eux les 140 000 Karens qui, fuyant la guérilla, ont trouvé refuge sur son territoire, dans des camps gérés par des ONG internationales. Jusqu’ici, les négociations entre les deux pays ont toujours échoué, faisant craindre de violents rapatriements forcés. La réouverture de la « ligne de l’enfer » pourrait donc faciliter la conclusion d’un accord et le retour des exilés. La visite d’un camp de réfugiés en Thaïlande, à l’invitation des leaders karens, était d’ailleurs au programme d’Aung San Suu Kyi, le 31 mai, à l’occasion de son premier voyage à l’étranger depuis vingt-quatre ans.

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