Gros nuages sur l’Ukraine

L’ancienne Première ministre Ioulia Timochenko reste en prison, où elle affirme avoir été maltraitée. Du coup, certains responsables européens menacent de boycotter la compétition.

Publié le 4 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Du fond de sa cellule de la prison de Kharkov, dans l’est de l’Ukraine, Ioulia Timochenko, 51 ans, a réussi le tour de force d’isoler le président Viktor Ianoukovitch. L’acharnement de ce dernier contre l’ancienne Première ministre, qui purge une peine de sept ans de réclusion pour abus de pouvoir, embarrasse en effet les capitales européennes. La signature de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) a été suspendue, mais certains pays menacent désormais de boycotter l’Euro de football.

Aucune position commune n’a encore été adoptée, mais les membres de la Commission européenne, José Manuel Barroso, son président, en tête, ont déjà fait savoir qu’ils ne se rendraient pas à Kiev. Il ne faudra pas davantage compter sur la présence de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, ni sur celle de Herman Van Rompuy, le président de l’UE. Enfin, les membres du gouvernement autrichien, mais aussi William Hague, le chef de la diplomatie britannique, et Dirk Niebel, le ministre allemand du Développement, boycotteront eux aussi, à titre personnel, la compétition. La chancelière Angela Merkel réserve pour l’instant sa décision, et François Hollande, le nouveau président français, estime que « ce qui se passe en Ukraine est un problème ». Pour Ianoukovitch, c’est une véritable humiliation. D’autant qu’il comptait sur l’événement pour redorer son image à l’étranger comme dans son propre pays, où des élections législatives sont prévues en novembre.

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Vengeance. Très médiatisées, les conditions de détention de Timochenko ont évidemment contribué à envenimer les relations entre les deux parties. Clouée au lit par plusieurs hernies discales, l’ancienne Première ministre refuse d’être soignée par des médecins ukrainiens. Les autorités de son pays refusent quant à elles de la laisser se soigner à l’étranger, bien que l’Allemagne et la Russie aient proposé de l’accueillir. Assurant, clichés à l’appui, avoir été frappée par le personnel carcéral, Timochenko a été jusqu’à observer une grève de la faim de dix jours.

Que reproche-t-on au juste à cette oligarque repentie ? D’avoir, en 2009, conclu avec la Russie un accord gazier jugé préjudiciable aux intérêts nationaux. Réélu en 2010, Ianoukovitch avait été, six ans auparavant, balayé par la Révolution orange, dont Timochenko était l’égérie. Alors celle-ci crie à la vengeance personnelle. Pour le moment, elle attend un nouveau procès pour « détournement de fonds ». Lequel devrait s’ouvrir le 25 juin, quelques jours avant la finale de l’Euro…

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