Miriem Bensalah Chaqroun : « En matière économique, un peu de cynisme ne peut pas faire de mal »

Emploi, climat des affaires, commerce extérieur, compétitivité : la patronne des patrons marocains, invité de RFI et Jeune Afrique, détaille ses priorités et en appelle à l’État.

Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM, au micro de RFI. © Camille Millerand/JA

Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM, au micro de RFI. © Camille Millerand/JA

Publié le 6 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) depuis un an et demi mais aussi actionnaire, avec sa famille, de l’un des plus grands conglomérats du pays, Miriem Bensalah Chaqroun est aux premières loges pour observer l’évolution de l’économie nationale. Avec 5,1 % de croissance attendus en 2013 par le Fonds monétaire international, la situation n’est pas si mauvaise mais la création d’emplois reste un problème crucial et le gouvernement n’est pour l’instant pas parvenu à améliorer le climat des affaires. De passage à Paris à l’occasion de la conférence économique du sommet Afrique-France, la souriante et conquérante entrepreneuse marocaine était la sixième invitée (et la première femme) de la grande interview réalisée conjointement par Jeune Afrique et RFI.

Le recul de la France

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« La France s’est beaucoup tournée vers l’Europe de l’Est et moins vers le sud. Pendant que l’Union européenne s’élargissait, il y a eu un rendez-vous manqué avec l’autre côté de la Méditerranée. Au Maroc, les grands groupes français sont présents mais pas les PME. »

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Le Maroc et la France : partenaires ou concurrents ?

« Le Maroc a un atout fondamental : nous sommes Africains et nous avons des ancrages culturels que la France ne peut pas avoir. Notre pays constitue donc une bonne porte d’entrée sur le continent. »

La colocalisation, un effet de mode ?

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« Nous n’avons pas encore d’autres exemples tangibles de colocalisation que Renault Tanger ou Safran. Les dossiers en cours sont perdus dans les méandres politiques : les opérateurs économiques sont d’accord mais cela bloque ailleurs. »

La désindustrialisation du Maroc

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« Il y a un affaiblissement de l’appareil productif. Nous avons développé une société de consommation sans mettre suffisamment l’accent sur la production, ce qui déséquilibre notre balance commerciale. Nous n’avons pas assez accompagné certains secteurs industriels : l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, la métallurgie, la mécanique et l’électromécanique. »

La protection contre le dumping

« Un peu de cynisme en matière économique ne peut pas faire de mal, tout en respectant la libre concurrence. Tous les pays ont des barrières non tarifaires, sauf le Maroc. Les Turcs ont par exemple créé un label qui évolue constamment et exige par exemple une origine particulière, une certaine qualité… « 

Le gouvernement Benkirane II

« Les ministères économiques ont été pris en main par des technocrates. C’est un atout : on parle le même langage. »

Les chantiers prioritaires

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« Nous avons une plateforme commune avec le gouvernement sur cinq thèmes : les PME, la compétitivité, le climat des affaires, l’emploi et le commerce extérieur. Les urgences ? Réglementer le droit de grève, développer des normes pour nous rendre plus compétitifs, réformer la fiscalité et alléger les procédures administratives. »

La dégradation du climat des affaires

« C’est une déception. Il faut toutefois rendre hommage à la création par le ministère de la Justice d’une instance qui protégera le citoyen de la corruption, reposant sur l’anonymat des dénonciations et la rapidité des procédures. »

Le poids du roi dans les affaires

« Si les règles du jeu et la transparence sont respectées, il n’y a pas de problème. Je peux vous dire que mon groupe est en concurrence sur deux secteurs avec le holding royal, et tout se passe de manière loyale. Je n’ai de souci avec aucun groupe, royal ou lambda, du moment qu’il crée de la richesse, paye ses impôts et respecte le droit et ses obligations en matière de formation. »

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Propos recueillis par Frédéric Garat (RFI) et Frédéric Maury (J.A.)

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