Jérôme Champagne : « Le Katanga a l’un des clubs les mieux structurés d’Afrique »

L’ancien directeur des relations internationales de la Fifa livre ses impressions sur la légende footballistique du pays.

Alexis Billebault

Publié le 30 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Le Katanga grandeur nature
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Pigiste à France Football, diplomate en poste au Brésil, aux États-Unis, à Cuba ou à Oman, Jérôme Champagne (53 ans) a été directeur des relations internationales de la Fifa pendant une dizaine d’années. Depuis qu’il a quitté le gouvernement du football mondial en 2010, il est devenu conseiller de l’Autorité palestinienne pour le développement du sport et, depuis peu, celui du Tout-Puissant Mazembe (TPM), présidé depuis 1998 par Moïse Katumbi Chapwe. « J’ai la liberté de pouvoir choisir avec qui je veux travailler », déclare Jérôme Champagne depuis Zurich, où il réside. Et pour le Français, travailler à l’internationalisation du TPM c’est faire un pas en avant vers une meilleure gouvernance mondiale du football.

Jeune Afrique : Comment êtes-vous devenu le conseiller de Moïse Katumbi ?

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Jérôme Champagne : Je l’ai rencontré par l’intermédiaire de Constant Omari, le président de la Fédération congolaise de football (Fecofa). J’ai évidemment visité les installations du club, Lubumbashi et la province. Elle est en plein développement. On y ressent un vrai dynamisme et une certaine douceur de vivre. En la parcourant, j’ai pu voir la passion qui anime les supporteurs du club, prêts à faire 15 km à pied pour assister à un match. Comme pour le Katanga, Moïse Katumbi a de grandes ambitions pour son club, une vision d’avenir, et il m’a demandé d’intervenir sur l’internationalisation du TPM.

Que pensez-vous de ses structures ?

Elles sont solides. C’est l’un des clubs les mieux structurés d’Afrique. Le nouveau stade, de 18 000 places, va être inauguré cet été et constituera un lieu de vie dans un quartier animé de Lubumbashi [Kamalondo, NDLR]. Les joueurs bénéficient de conditions d’entraînement adéquates, ont de bons salaires [jusqu’à 25 000 dollars par mois hors primes, soit 19 300 euros], et Moïse Katumbi fait tout pour qu’ils exercent leur métier dans le meilleur environnement possible. Le club dispose notamment d’un bus moderne et d’un avion privé pour ses déplacements.

Sur quels domaines allez-vous concentrer votre travail ?

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Moïse Katumbi souhaite pérenniser les succès du club au niveau international. Il a déjà ouvert une académie [la Katumbi Football Académie, KFA], dirigée par le Français Régis Laguesse, qui a travaillé avec Jean-Marc Guillou à l’Asec-Mimosas d’Abidjan. Comme c’est le cas au FC Barcelone, cette académie, qui forme une petite quarantaine de joueurs de moins de 20 ans, veut vraiment leur inculquer une philosophie de jeu.

De mon côté, je suis chargé de prendre des contacts avec des clubs en Europe et en Amérique du Sud afin que les meilleurs jeunes du TPM puissent y parfaire leur formation. Le club est déjà partenaire d’Anderlecht [en Belgique, où les U20 du TPM ont effectué un stage début mai], et j’ai contacté Saint-Étienne, en France, et le Maccabi Netanya, en Israël. Enfin, Lubumbashi étant proche de l’Afrique australe, le site internet du TPM va également exister en version anglaise.

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Hormis quelques clubs d’Afrique du Nord et d’Afrique du Sud, le modèle du TPM ne risque-t-il pas de rester longtemps une exception dans le football africain ?

Pas forcément. Même si l’argent peut faciliter les choses, ce n’est pas exclusivement une question de moyens, mais aussi de volonté et de méthode. Le modèle voulu et pensé par le président du TPM est exportable dans d’autres pays du continent. Et ce n’est pas un hasard si Moïse Katumbi a été nommé par le président de la Fifa, Sepp Blatter, à la commission stratégique de l’organisation.

En Afrique, certains ont des moyens, et on s’aperçoit que, dans certains pays, ils en donnent au football. Surtout, il faut avoir une politique à long terme, être patient, structurer petit à petit son club. Au Kenya, en Angola, en Zambie, au Soudan, il y a des clubs organisés, qui travaillent sur la durée. 

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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