Katanga – Élevage : la Pastorale optimiste
Au centre de la province, quelques grands éleveurs ont tenu le cap. Rencontre, dans le Haut-Lomami, avec l’un d’entre eux.
Le Katanga grandeur nature
À une vingtaine de kilomètres de Kamina, où se trouve une grande base militaire, la Pastorale du Haut-Lomami possède un cheptel de 18 100 bovins, une concession de 212 000 ha, et emploie 520 personnes, en majorité des bouviers et des équipiers. Après plus de quatre-vints ans d’existence, elle a été épargnée par les conflits. « Nous avons perdu quelques têtes quand les ex-Forces armées zaïroises ont fui à l’arrivée de l’AFDL [Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, NDLR], et après la proclamation des résultats de la présidentielle de 2006 », remarque le Dr Urbain Makitu, son directeur général.
Charges. Le ranch n’a pas non plus de problèmes de marchés – même si celui de Mbuji-Mayi (dans le Kasaï-Oriental) est en déclin -, ni de prix, à raison d’un peu plus de 2 dollars le kilo pour une vache de premier choix, qui peut atteindre 450 kg.
L’activité est cependant confrontée à de fortes charges liées à l’enclavement de la région, qui renchérit les coûts de transport, d’exploitation, et augmente les délais de livraison. Des charges liées, aussi, aux droits de douane sur les intrants, notamment les produits vétérinaires et divers équipements (comme les panneaux solaires dont le ranch a besoin pour fonctionner), en majorité importés. Parmi les autres sujets de préoccupation, la formation des vétérinaires et le renouvellement du cheptel : « On avait abandonné l’insémination artificielle et laissé le troupeau se renouveler naturellement, mais on va y revenir pour injecter du sang neuf dans notre troupeau », précise Urbain Makitu. Ce qui nécessitera d’importer des semences d’Afrique du Sud et de Belgique, qui seront soumises aux droits de douane…
Les éleveurs s’étonnent des différences de traitement entre l’agriculture et l’élevage. Alors que la nouvelle loi agricole prévoit des exonérations de droits de douane sur des intrants agricoles, ils se sentent laissés pour compte. « L’État ne nous soutient pas. Il faut que l’on s’assoie autour d’une table tous ensemble pour discuter », martèle Makitu. Au menu des revendications, la mise à disposition de crédits à des taux d’intérêt préférentiels, la révision de la parafiscalité, davantage d’encadrement technique et la réactivation du laboratoire de recherche vétérinaire. Makitu est plutôt optimiste : « Si l’on fait un effort, on peut développer la filière et exporter. Nous avons un avantage car notre viande est 100 % bio. »
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