États-Unis : Mark Zuckerberg ou l’épopée Facebook

Ou comment Mark Zuckerberg, un étudiant de Harvard pas très scrupuleux est parvenu à créer en moins de huit ans un réseau social rassemblant 900 millions d’utilisateurs et pesant plus de 100 milliards à la Bourse de New York.

Le visage de Zuckerberg à New York après l’introduction en bourse de Facebook. © Shannon Stapleton/Reuters

Le visage de Zuckerberg à New York après l’introduction en bourse de Facebook. © Shannon Stapleton/Reuters

Publié le 31 mai 2012 Lecture : 4 minutes.

Voyou », « génie », « traître », « milliardaire »… C’est par ces mots plaqués sur le visage de l’acteur incarnant Mark Zuckerberg, fondateur et patron de Facebook, que les promoteurs du film The Social Network (2010) avaient choisi de résumer la personnalité de cet homme dont l’entreprise pèse aujourd’hui plus de 100 milliards de dollars à la Bourse de New York.

On peut mettre ces quatre termes dans l’ordre qu’on voudra. Mais force est de constater que le petit génie de l’informatique ne laisse pas indifférent. Désigné par le magazine Time comme la personnalité de l’année 2010, alors qu’il n’était qu’un obscur étudiant un peu plus de cinq ans auparavant, Zuckerberg, 28 ans, sait qu’il fait aujourd’hui partie des grands décideurs mondiaux. Le 18 mai, l’introduction en Bourse de Facebook a été un événement planétaire, tout comme sa dégringolade entamée dès le deuxième jour de sa cotation à Wall Street. Mais pouvait-il en être autrement quand on a été capable, en moins d’une décennie, de créer un réseau fédérant près d’un septième de l’humanité ? Facebook, c’est aujourd’hui plus de 900 millions de personnes connectées et un instrument de communication incroyable. Barack Obama, « ami » de Mark Zuckerberg, ne dira certes pas le contraire. En 2008, il avait été surnommé le « président Facebook », parce qu’il avait fondé une large partie de sa campagne en direction des jeunes, avec le succès que l’on sait, sur l’utilisation de ce réseau social.

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Pourtant avant de devenir l’ami des grands de ce monde, Zuckerberg fut une sorte de voyou. Encore étudiant à Harvard, il n’hésita pas à pirater les serveurs de l’université pour y récupérer les photos des étudiantes afin de faire la démonstration de l’efficacité de sa première application, qui, quelques mois plus tard, allait donner naissance à Facebook. Mais n’exagérons rien. Il n’a évidemment agressé personne, et son côté mauvais garçon se résume à l’utilisation de données non consentie. Cette fâcheuse tendance perdure d’ailleurs aujourd’hui, puisque son entreprise est souvent critiquée pour sa propension à vouloir contrôler les données personnelles des utilisateurs.

Offre de rachat lancée par Yahoo

On a aussi reproché à Zuckerberg d’avoir trahi son meilleur ami pour assurer le développement de son entreprise. Une critique embarrassante… qu’il balaie d’un revers de la main. Pour lui, il n’était pas question que Facebook demeure éternellement un site dont la seule ambition serait de favoriser les contacts entre anciens élèves ! Il a très vite entrepris de diversifier les publics visés. Dès la fin de 2004, avec Dustin Moskovitz et Sean Parker, il a transformé une sympathique idée d’étudiants en une machine de guerre. La clé de son succès : sa capacité à convaincre les investisseurs.

Mais le génie de Zuckerberg a d’autres facettes. Son acharnement et son habileté à conserver le contrôle de son entreprise. En 2007 – à 23 ans ! -, il aurait pu prendre une retraite plus que confortable en acceptant l’offre de rachat de 1 milliard de dollars lancée par Yahoo ! Sûr de son fait, il l’a déclinée, tout en sachant que sa présomption risquait de lui valoir des moqueries.

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Zuckerberg est un hacker dans l’âme. Pour parvenir à ses fins, il a préféré surfer aux lisières de la légalité afin de démontrer que son idée était la meilleure. Conseillé par un autre hacker de génie, Steve Jobs, fondateur et patron d’Apple, décédé en octobre 2011, le jeune ambitieux s’est entêté – comme le fit avant lui son mentor en repoussant les avances de Bill Gates. La stratégie semble payante. Non seulement Zuckerberg tient solidement les rênes de son entreprise, mais celle-ci est devenue un phénomène de société. Si Facebook était un pays, il se classerait pour sa population juste derrière la Chine et l’Inde !

Le raté de l’introduction en bourse

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Déjà milliardaire virtuel, Zuckerberg a donc entrepris de passer à l’étape supérieure en tentant le pari de l’introduction en Bourse. Initialement prévue en 2011, l’opération a été repoussée plusieurs fois, en raison de la situation chaotique sur les marchés, mais aussi parce que Facebook devait préalablement prouver son aptitude à faire de gros profits – publicitaires notamment, l’accès au site étant gratuit. Au cours des derniers mois, elle a suscité un intérêt croissant. Cette introduction en Bourse serait la quatrième plus importante jamais réalisée aux États-Unis, après celles de Visa, General Motors et AT&T.

Pour Zuckerberg, c’est évidemment l’aboutissement de sa stratégie de développement. Pourtant, tout ne se passe pas aussi bien qu’il l’avait imaginé. Contrairement aux prévisions de certains analystes, la première journée de cotation, le 18 mai, n’a rien eu d’une marche triomphale. Toute la journée, l’action Facebook a fait du yo-yo, avant d’enregistrer, le deuxième jour, une chute humiliante de 11 %, faisant perdre au passage plus de 2 milliards de dollars à Zuckerberg, qui venait de célébrer son mariage avec Priscilla Chan, sa petite amie de longue date.

À en croire les mauvaises langues, ce relatif échec de Facebook serait, une nouvelle fois, la conséquence des pratiques pas très réglo de son patron. Des actionnaires ont d’ailleurs décidé de le poursuivre en justice, avec les banques responsables de l’introduction en Bourse. Ils estiment ne pas avoir été informés de la révision à la baisse des prévisions de croissance de l’entreprise. Le patron de Facebook va-t-il perdre des « amis » ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais qu’il prenne garde : il risque aussi, un jour, de perdre sa femme. Une récente étude a en effet montré que 33 % des divorces prononcés au Royaume-Uni étaient, au moins en partie, la conséquence de coupables activités de l’un ou l’autre des conjoints sur le réseau social !

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