Avec l’Afrique, main dans la main
Hervé Ladsous est le chef du département des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Une seule main ne peut attacher un colis, dit un proverbe africain. Pour le département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, peu d’énoncés sonnent aussi vrai. La réussite de nos missions nécessite le concours de plusieurs mains : celle du Conseil de sécurité qui les autorise, celle des pays qui contribuent en troupes et en ressources et celle, accueillante, du pays hôte.
Le maintien de la paix est un partenariat mondial et l’Afrique en est le centre. C’est sur ce continent que sont déployées sept des dix-sept missions de l’ONU. Les pays africains sont des partenaires actifs du maintien de la paix. Les pays hôtes travaillent en étroite collaboration avec nos missions pour rétablir la paix et la sécurité après de longues années de conflits. Pour des millions de personnes, les Casques bleus incarnent cet espoir de paix. Tous savent que la sécurité et la stabilité sont un préalable avant de pouvoir s’attaquer aux défis humanitaires et aux enjeux de développement économiques.
Au Conseil de sécurité, les pays africains participent à la formulation des mandats des missions de maintien de la paix. À l’Assemblée générale, ils sont impliqués dans les questions budgétaires et politiques qui ont un impact sur la situation sécuritaire du continent.
Trente-cinq pays africains fournissent près de 40 000 hommes et femmes en uniforme aux opérations en cours à travers le monde. Ils représentent plus du tiers des effectifs des Casques bleus. La protection des civils est au coeur des mandats de nos missions. C’est le cas notamment en République démocratique du Congo, où beaucoup vivent sous la menace de groupes armés et d’actes de violence sexuelle, ou au Soudan du Sud, où les Casques bleus appuient le gouvernement dans ses efforts pour prévenir les violences entre communautés. C’est le cas aussi au Darfour, où l’opération conjointe Union africaine (UA)-Nations unies a permis de ramener sécurité et stabilité, ou dans la région d’Abyei, située entre le Soudan et le Soudan du Sud, où les Casques bleus contribuent à la stabilité.
En Somalie, les Nations unies soutiennent la mission de l’UA (Amisom) sur le plan logistique, l’ambition étant d’offrir aux Somaliens la possibilité de reconstruire leur pays. Cette approche novatrice illustre la flexibilité du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales.
Sur le plan opérationnel, en rationalisant notre présence sur le terrain avec la mise en place d’une base régionale à Entebbe, en Ouganda, nous sommes devenus plus efficaces. Nous avons également renforcé la coopération entre les missions et réalisé des économies.
L’UA est elle aussi au coeur de notre travail sur le continent. À Addis-Abeba, l’ONU dispose désormais d’un bureau dirigé par un représentant spécial du secrétaire général. En Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est un partenaire vital : ce sont des opérations de maintien de la paix qui ont contribué à la stabilisation du Liberia et de la Côte d’Ivoire, et, face à l’instabilité au Mali, nous nous tenons prêts à agir si telle était l’option décidée. Autour des crises somalienne et soudanaise, notre partenariat avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) offre des pistes de solutions.
D’une manière générale, la collaboration avec l’UA est bonne, mais nous pouvons encore l’améliorer, pour le bien des populations. Le partenariat avec les pays africains doit aussi nous permettre de ne pas perdre de vue les besoins réels des régions concernées.
En travaillant de concert, nous ajoutons un supplément de légitimité au maintien de la paix, nous avons une meilleure connaissance des régions et une plus grande efficacité dans l’action. Alors que nous célébrons ce 29 mai la Journée internationale des Casques bleus, je tends la main à nos partenaires sur le continent pour que nous puissions faire face aux défis actuels en matière de paix et de sécurité. Notre ambition partagée est celle d’un monde sans conflits. Notre partenariat est le moyen le plus efficace pour y arriver.
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