Angola : Dos Santos en redemande
Au pouvoir depuis trente-trois ans, le président angolais, José Eduardo dos Santos, repart en campagne pour remporter les élections législatives du 31 août. Mais, depuis un an, la contestation monte…
Plusieurs fois repoussée, puis annoncée pour septembre, la date des élections législatives angolaises – les troisièmes depuis l’indépendance en 1975 – a finalement été fixée au 31 août. Défié depuis un an par une série de manifestations, le président José Eduardo dos Santos, qui dirige sans partage le pays ainsi que le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), a fini par faire un geste en direction de ses compatriotes. Lors des dernières élections, en 2008, le MPLA avait obtenu 81 % des votes, contre 10 % pour l’Unita (16 sièges sur 220), ce qui lui avait permis de porter une nouvelle fois son dirigeant au pouvoir. Dos Santos compte bien rééditer cette performance, bien que la situation ait quelque peu changé depuis.
Alors que la crise économique mondiale a poussé plusieurs dirigeants européens vers la sortie et que, de la Côte d’Ivoire au Sénégal, en passant par le Mali et le Maghreb, les transitions se succèdent, dos Santos ne peut plus vivre en vase clos. Les nouveaux moyens de communication ont desserré les mailles d’une information jusque-là partielle et partisane. Désormais mieux au fait des réalités de ce monde, les Angolais désirent bénéficier davantage de leurs richesses – le pays est le deuxième producteur de pétrole du continent.
Pression populaire
Sous la pression populaire, le pouvoir a dû annuler la nomination à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) d’une proche du clan présidentiel, une première en trente-trois ans. Et le chef de l’État est confronté à une contestation grandissante au sein même du MPLA : son intention de choisir comme successeur Manuel Vicente, l’ancien directeur général de la Sonangol (la société nationale des hydrocarbures) se heurte à l’opposition des caciques du parti.
C’est donc diminué qu’il part dans cette nouvelle bataille. Il a pourtant peu de chances de perdre, soutenu par l’Europe et les États-Unis (qui ne voient pas d’alternative), et peu inquiété par une opposition qu’il n’a pas cessé d’affaiblir. Isaias Samakuva, le président de l’Unita, pourrait d’ailleurs ne pas résister à une défaite aussi rude qu’en 2008, même si le parti est parvenu à mobiliser jusqu’à 10 000 personnes lors d’une manifestation à Luanda le 19 mai – du jamais vu dans ce pays. Dos Santos a trois mois pour convaincre les 9,7 millions d’électeurs qui aspirent à un scrutin libre et transparent qu’ils obtiendront enfin satisfaction.
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