Les Tunisiens appelés aux urnes pour élire un Parlement diminué

La Tunisie tient dimanche 29 janvier le deuxième tour de législatives destinées à élire un Parlement privé de réels pouvoirs, où la participation est l’enjeu essentiel dans un contexte de divisions politiques et de difficultés économiques.

La Tunisie tient dimanche 29 janvier 2023 le deuxième tour de législatives. © FETHI BELAID / AFP

Publié le 29 janvier 2023 Lecture : 2 minutes.

Les Tunisiens sont appelés aux urnes ce dimanche pour départager 262 candidats pour 131 sièges (sur 161 députés). Ce scrutin marque la dernière étape de réformes imposées depuis un an et demi par le président Kaïs Saïed pour revenir à un système ultra-présidentialiste, similaire à celui d’avant la révolution de 2011 et la chute du régime de Ben Ali.

Jugeant le pays ingouvernable après des mois de blocage, Kaïs Saïed s’était emparé de tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021 puis avait dissous le Parlement, avant de réformer la Constitution l’été dernier, abolissant le système parlementaire hybride existant depuis 2014.

la suite après cette publicité

Fiasco du premier tour

La nouvelle Assemblée verra ses prérogatives limitées : il faudra 10 députés pour présenter un projet de loi et les textes du président seront votés en priorité. Pour éventuellement renverser le gouvernement, l’approbation de deux motions de censure sera nécessaire, et aux deux tiers de l’Assemblée des députés et du Conseil national des régions, un organe pas encore constitué.

Dimanche soir, les regards seront tournés vers le taux de participation après un fiasco au premier tour, le 17 décembre, avec 11,2% de votants, soit la plus forte abstention depuis l’avènement de la démocratie il y a 12 ans. Alors que 7,8 millions de Tunisiens sont appelés aux urnes, des experts prévoient de nouveau une faible affluence.

À 11h, « 4,71%, soit 369 561 des 7,85 millions » d’inscrits avaient voté, a annoncé le président de l’autorité électorale, Farouk Bouasker, estimant ce taux « meilleur qu’au premier tour » au même moment.

Candidats inconnus

Les formations d’opposition dont Ennahdha- bête noire de Kaïs Saïed – qui dominait le Parlement sur la dernière décennie, boycottent ce scrutin qui est, pour elles, l’aboutissement d’un « coup d’État » et témoigne d’une « dérive autoritaire » dans le berceau du Printemps arabe.

la suite après cette publicité

En outre, la majorité des candidats sont inconnus et n’ont pas le droit d’afficher une affiliation politique. « Vu le désintérêt de la population » pour la politique, « ce Parlement aura peu de légitimité, le président, tout-puissant grâce à la Constitution de 2022, pourra le dominer à sa guise », indique à l’AFP Youssef Cherif, expert du Columbia Global Centers.

Pénuries

L’attention des 12 millions de Tunisiens est ailleurs. Ils voient leur pouvoir d’achat plonger avec une inflation supérieure à 10%, et subissent des pénuries de denrées subventionnées comme le lait, le café, le sucre ou l’huile alimentaire. Pour les économistes, ces pénuries s’expliquent par des ruptures d’approvisionnement car l’État manque de liquidités, et les fournisseurs veulent être payés à l’avance.

la suite après cette publicité

L’agence de notation américaine Moody’s a annoncé samedi avoir dégradé d’un nouveau cran la dette tunisienne à long terme à « Caa2 avec perspectives négatives », jugeant « plus élevé le risque » d’un non remboursement de certaines échéances.

La croissance est atone (moins de 3%), le chômage élevé (plus de 15%), la pauvreté s’accroît et plus de 32 000 Tunisiens ont émigré clandestinement l’an passé. Autre motif d’inquiétude : les négociations avec le FMI pour un nouveau prêt de 1,9 milliard de dollars, clef d’autres aides étrangères, piétinent depuis des mois.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Kaïs Saïed et Abir Moussi, un ring pour deux

Face à Kaïs Saïed, à quoi joue l’UGTT ?

Contenus partenaires