Côte d’Ivoire : nettoyage de printemps après le scandale sur les déchets toxiques

Éclaboussé par les révélations de « Jeune Afrique » sur son implication présumée dans le scandale Trafigura, Adama Bictogo a été limogé. Pas question, pour Ouattara, de laisser ces dérives discréditer son action.

Le ministre de l’Intégration africaine, à Bamako, le 7 avril. © Joe Penney/Reuters

Le ministre de l’Intégration africaine, à Bamako, le 7 avril. © Joe Penney/Reuters

Publié le 31 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Un an après sa prise de fonctions, le président ivoirien Alassane Ouattara a frappé un grand coup en limogeant, le 22 mai, Adama Bictogo. Ministre de l’Intégration africaine et figure de proue du régime, ce dernier était très impliqué dans la résolution de la crise malienne. Cette décision est intervenue après la divulgation par J.A. de l’enquête de la Direction de la police économique et financière sur les détournements de l’indemnisation des victimes des déchets toxiques. « Le ménage n’est pas fini, assure un confident du président. Le chef de l’État a mis les ministres devant leurs responsabilités, lors du Conseil du 23 mai, en leur disant qu’il enquêtait sur les agissements de plusieurs d’entre eux. »

Barons

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Partagés entre inquiétude et consternation, les membres du cabinet se demandent comment un rapport censé être confidentiel s’est retrouvé entre les mains de la presse et dénoncent la guerre que se livrent quelques barons du régime. Les militants du Rassemblement des républicains (RDR, le parti du président), eux, s’emportent contre les proches du chef qui ont « dévoyé la cause ». « En un an, notre équipe a perdu une grande partie de son crédit en raison de l’affairisme de certains ministres, explique un cadre du parti. Il faut sanctionner les brebis galeuses, reprendre la main sur le plan politique et revoir notre communication. » Bref, retrouver ce qui a fait la force du candidat Ouattara durant la campagne électorale : l’humilité, la disponibilité, la stratégie, le travail…

Si Ouattara perd son crédit en matière de bonne gouvernance, il perd l’un de ses atouts maîtres

Il y a urgence, à un mois du passage de la Côte d’Ivoire devant les conseils d’administration du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Si le point d’achèvement de l’Initiative pays pauvres très endettés (PPTE) est en passe d’être atteint, la divulgation de dérives politico-affairistes embarrasserait ces institutions. D’autant que les autres grands chantiers – sécurisation du territoire, refonte de l’armée et réconciliation – avancent péniblement. « Si Ouattara perd son crédit en matière de bonne gouvernance, il perd l’un de ses atouts maîtres », confie un bailleur de fonds.

Pour l’opposition, le limogeage de Bictogo est révélateur d’un pouvoir en difficulté. Ajouté à la défaite de Nicolas Sarkozy en France, il ouvre une ère d’espoir, même si François Hollande a toujours jugé Laurent Gbagbo infréquentable. Du coup, le camp de l’ex-président redouble d’énergie : mobilisation à l’approche de l’audience devant la Cour pénale internationale le 18 juin, lobbying auprès des organisations des droits de l’homme, préparation de dépôts de plainte devant la justice internationale…

De leur côté, les représentants des victimes des déchets toxiques accentuent la pression sur les autorités. Redoutant des interférences dans le travail de la justice, ils lancent, à partir du 6 juin, des opérations « casseroles » et « kodjo rouge » (défilé de femmes en tenue légère, NDLR) devant le palais de justice d’Abidjan et la présidence. 

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