Commission mixte Algérie-France : les noms des dix historiens enfin connus
Les noms des dix historiens français et algériens chargés de travailler sur les archives de la colonisation et de la guerre d’Algérie sont désormais connus. Mais leur feuille de route est encore floue.
Il aura fallu attendre deux mois pour que l’Élysée donne enfin son accord à la liste des Français qui feront partie de la commission mixte d’experts chargée de plancher sur la colonisation et la guerre d’Algérie. C’est mercredi 25 janvier que les autorités françaises ont validé par téléphone cette liste que l’historien Benjamin Stora avait soumise début décembre 2022 pour approbation. Un communiqué de la présidence française annonçant la composition de cette commission devait ensuite être rendu public, mais l’annonce officielle a tardé.
Outre Benjamin Stora, la liste française comprend Tramor Quemeneur, docteur en histoire, enseignant à l’Université Paris-VIII et à Paris-Cergy-Université, et membre de la Commission Mémoires et Vérité et du Conseil d’orientation du Musée national d’histoire de l’immigration (MNHI). Quemeneur, qui sera le secrétaire général de la partie française de la commission, a cosigné avec Benjamin Stora deux ouvrages sur la guerre d’Algérie.
Né en Algérie en 1949, Jacques Frémeaux fait également partie de la commission. Professeur émérite d’histoire à la Sorbonne et spécialiste de l’histoire coloniale, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont un consacré à l’émir Abdelkader.
Également né en Algérie, en 1955, Jean-Jacques Jordi est chercheur associé à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme et administrateur des Musées de Marseille. Il est reconnu pour ses travaux sur les populations européennes en Algérie, les migrations en Méditerranée, ainsi que sur les rapatriements.
La cinquième membre de la commission est Florence Hudowicz, conservatrice en chef du patrimoine. Elle s’est distinguée par un travail remarquable comme co-commissaire de l’exposition sur l’émir Abdelkader, organisée en 2022 au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille. Un sixième nom, celui d’une historienne spécialiste des questions de la migration, figurait aussi sur la liste. Son nom n’a pas été retenu. « Les Algériens ont demandé que les deux listes soient restreintes », confie une source proche de ce dossier.
Deux coprésidents
La commission sera présidée conjointement par Benjamin Stora côté français et par l’historien Mohamed Lahcen Zighidi côté algérien. En novembre 2022, la présidence algérienne avait désigné les historiens Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Mohamed Lahcen Zighidi et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission.
Si les noms des dix historiens sont désormais officiellement connus, rien n’a encore été décidé par les autorités algériennes et françaises quant aux modalités de fonctionnement et de travail de la commission. Six mois après la création de celle-ci lors de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août 2022, aucun ordre du jour n’a été tracé pour le début de ses travaux. Des rencontres devraient avoir lieu à Paris et à Alger afin de tracer une feuille de route, avance un membre de la commission. « Pour le moment, c’est le flou total », confie cet expert sous le sceau de l’anonymat.
Auteur du rapport sur la colonisation française et la guerre d’Algérie remis à Emmanuel Macron en janvier 2021, Benjamin Stora propose comme premier axe de travail la période qui s’étale du début de la colonisation, en 1830, jusqu’à 1880, ce qui coïncide avec la fin des premières grandes conquêtes de l’Algérie. Ce travail d’exploitation et de recherches de documents passe nécessairement par l’accès aux archives ottomanes conservées aussi bien à Istanbul, en Turquie, qu’en France et en Algérie.
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