Livre : la traque minière haletante de Christophe Boltanski

Le journaliste Christophe Boltanski explore un recoin bien sombre de la mondialisation dans un livre-enquête passionnant, qui le fait voyager du Nord-Kivu jusqu’en Malaisie.

En RDC, l’extraction de la cassitérite y génère une économie de guerre. © AFP

En RDC, l’extraction de la cassitérite y génère une économie de guerre. © AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 24 mai 2012 Lecture : 1 minute.

Minerais de sang nous entraîne sur la piste de la cassitérite, composant principal de l’étain, présent dans tous nos appareils électroniques, du téléphone portable au téléviseur, et dont le prix n’a cessé d’augmenter sous le coup de la forte demande, rendant son commerce extrêmement lucratif. Christophe Boltanski, reporter au Nouvel Observateur, démarre son récit à Bisie, au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). Une région accessible uniquement à pied. L’extraction de la cassitérite y génère une économie de guerre contrôlée par les combattants de l’armée régulière mais aussi par des factions rebelles. Ils exploitent la misère des mineurs de fond, souvent adolescents, qui risquent leur vie pour quelques dollars au fond des galeries. L’argent ainsi récolté leur permet d’acheter des armes et d’asseoir leur domination sur leurs fiefs.

Le journaliste français reconstitue minutieusement la chaîne des responsabilités dans une enquête de terrain au rythme enlevé. Depuis l’enfer des mines artisanales de Bisie jusqu’aux fonderies malaisiennes, en passant par les comptoirs de Goma et du Rwanda et le port de Dar es-Salaam, le lecteur suit l’ensemble du trajet de ce « minerai de sang », qui prend de la valeur à chaque étape. Boltanski décrypte le jeu des différents acteurs : seigneurs de guerre, intermédiaires, transporteurs, multinationales, chacun d’eux tire son profit de la filière. Le journaliste prend aussi du recul sur ce qu’il découvre, en s’aidant des analyses de dirigeants politiques et économiques, chercheurs ou militants de Washington, Londres, Paris ou Kuala Lumpur. Un livre passionnant et fouillé, résultat de trois années d’investigations, qui met en lumière le fonctionnement d’une facette peu reluisante de la mondialisation. 

la suite après cette publicité

Minerais de sang, les esclaves du monde moderne, de Chritophe Boltanski, Grasset, 352 pages, 19,50 euros.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires