France : Benguigui et Canfin ministres, un accident de parcours

L’une, Yamina Benguigui, est une femme d’images. L’autre, Pascal Canfin, un journaliste de sensibilité altermondialiste. On ne les attendait pas forcément au gouvernement français. On avait tort.

Pascal Canfin (à gauche), et Yamina Benguigui (droite). © Alain Robert/Sipa

Pascal Canfin (à gauche), et Yamina Benguigui (droite). © Alain Robert/Sipa

Publié le 24 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Productrice et réalisatrice pour la télévision et le cinéma, Yamina Benguigui n’est pas une novice en politique. Pressentie un temps au Conseil supérieur de l’audiovisuel, elle est depuis 2008 conseillère du 20e arrondissement et adjointe au maire de Paris chargée des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations. Au lendemain de sa nomination comme ministre déléguée aux Français de l’étranger et à la Francophonie, elle s’est pourtant déclarée « surprise ».

Dès 1990, elle intègre la Fondation France Libertés de Danielle Mitterrand. Parallèlement, elle tourne des films consacrés à la Maison des esclaves, à Gorée, ou sur l’ANC de Nelson Mandela. Mais c’est grâce à son triptyque documentaire intitulé Mémoires d’immigrés, récompensé par un Sept d’or, que Yamina Benguigui se fait connaître du grand public, en 1997. Cette femme au caractère, disons, bien trempé ne se laisse pas aisément démonter. En témoigne son clash avec Éric Zemmour, alors chroniqueur vedette de l’émission On n’est pas couché, sur France 2, en février 2011. Traitée de « bobo » touchée par le « syndrome Plus belle la vie », elle avait répliqué d’un cinglant : « Je m’en fous, de ce que vous pensez. » Avant de poursuivre : « On se verra à l’extérieur, soit je vous règle votre compte, soit on se met d’accord. » Ça promet.

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"New Deal"

Pascal Canfin (37 ans) est quant à lui le Jean-Pierre Cot de François Hollande, qui l’a nommé ministre délégué chargé du Développement. L’altermondialiste du gouvernement, c’est lui. Loin, très loin des « réseaux affairistes » de la Françafrique, avec lesquels le nouveau président a promis de rompre. D’abord journaliste au magazine Alternatives économiques, il rejoint les Verts dans les années 2000. En juin 2009, il est élu au Parlement européen, où il sera le chantre de la taxe sur les transactions financières et de la lutte contre les paradis fiscaux. Il a par ailleurs créé l’ONG Finance Watch, qui milite pour une régulation de la finance, et a participé au lancement du collectif Sauvons les riches. Conseiller économique d’Eva Joly, la candidate écologiste, il a tout au long de la campagne plaidé pour un « new deal écologique et social ».

On l’a compris : Canfin ne sera ni l’allié des ténors du CAC 40 sur le continent ni le complice des petits arrangements françafricains. Encore moins l’artisan de l’enterrement de l’affaire des « biens mal acquis ». À Laurent Fabius, son ministre de tutelle, de faire de la politique. À Hélène Le Gal, la conseillère Afrique de l’Élysée, la charge de maintenir une certaine continuité diplomatique. Reste à savoir si la « rupture Canfin » ne risque pas de connaître le même sort que celle entreprise par Jean-Pierre Cot au début des années 1980.

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Youssef Aït Akdim et Philippe Perdrix

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