Musique : Warda Al-Jazaïriya, la rose algérienne

Décédée au Caire à l’âge de 71 ans, la diva de la chanson arabe Warda Al-Jazaïriya a mené une vie marquée par l’exil. Portrait.

Warda Al-Jazaïriya lors d’un concert à Abou Dhabi, en 2009. © Ebrahim Adawi/AFP

Warda Al-Jazaïriya lors d’un concert à Abou Dhabi, en 2009. © Ebrahim Adawi/AFP

Publié le 24 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

De son vrai nom Warda Fatouki, elle est la cadette d’une famille algéro-libanaise de cinq enfants. Née à Puteaux en 1940, elle fait des débuts précoces à Paris. Son père est alors propriétaire d’un hôtel-restaurant du Quartier latin qu’il transforme en cabaret. C’est le Tam-Tam (pour Tunisie, Algérie, Maroc), passage obligé des artistes arabes dans la capitale. Très vite, la jeune Warda est repérée par un ami de son père, Ahmed Tijani, producteur chez Pathé-Marconi. Conquis, il lui propose de chanter dans une émission pour enfants. Elle a 11 ans.

Son père, Mohamed Fatouki, s’engage en 1954 dans la lutte de son pays pour l’indépendance. Militant du Front de libération nationale (FLN), il prend des risques en accueillant des résistants et en cachant des armes. La police parisienne retrouve sa trace, la famille doit fuir en 1956. Impossible alors de rejoindre l’Algérie, où Fatouki est aussi recherché. Ce sera le Liban. Et l’installation à Beyrouth, dans le quartier Al-Hamra.

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Warda poursuit son aventure musicale, notamment au Tanios, une discothèque huppée de la capitale libanaise. Elle y gagne son surnom de Warda Al-Jazaïriya (« l’Algérienne »). À cette époque, la jeune artiste chante pour la révolution algérienne Koulouna Jamila (« Nous sommes tous Jamila »).

Le Caire, son rêve

Mais c’est aussi une période difficile, car Warda est handicapée par son accent algérien. Elle ne lit pas l’arabe, et son frère doit lui retranscrire phonétiquement, en alphabet latin, les paroles des chansons des stars de l’époque : Asmahane, Oum Kalsoum, Abdelhalim Hafez, qu’elle interprète avec brio. Le hasard la place sur le chemin du grand Mohamed Abdelwahab, auteur-compositeur égyptien, qui remarque sa voix, son élocution et son élégance. Il deviendra son mentor et l’aidera à atteindre son rêve : Le Caire.

En 1960, Warda débarque dans la capitale culturelle du monde arabe. Elle y est introduite par le producteur-réalisateur Helmi Rafla, qui lui offre son premier rôle au cinéma dans Almaz wa Abdou el-Hamouli (1962). Le président Gamal Abdel Nasser lui demande de participer à un projet d’opérette nationaliste. Mais Warda se marie ensuite – une union qui ne dure pas longtemps – et disparaît de la scène artistique. En 1972, le président Houari Boumédiène l’invite à chanter pour les dix ans de l’indépendance algérienne. Pourtant, après un second mariage, l’artiste remet sa carrière entre parenthèses.

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Boom satellitaire. Mal­heu­reuse en amour, elle revient en 1979 avec une chanson écrite par le compositeur Sayed Mekkaoui pour Oum Kalsoum, Awqati Beitihlou, et enchaîne les succès jusqu’aux années 1990, marquées par deux hits : Haramt Ahibbek, bien dans l’air du temps, et Batwaniss Bik, chanson plus mélodieuse, plus classique. Des tubes repris en boucle par les télévisions arabes, alors en plein boom satellitaire. Enfants de cette génération, les jeunes pin-up libanaises Haifa Wehbe et Elissa étaient les premières à lui rendre hommage sur Twitter, le 17 mai au soir. 

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