Le leader ivoirien de l’hévéa SAPH veut transformer l’essai

Malgré la volatilité des cours et les pressions fiscales, le navire amiral du groupe Sifca, leader continental du caoutchouc, entend franchir un cap en boostant ses capacités de production.

La SAPH veut augmenter ses capacités de production de 60 000 tonnes d’ici à la fin de l’année. © Montage JA ; Nabil Zorkot

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Publié le 15 mars 2023 Lecture : 1 minute.

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500 CHAMPIONS AFRICAINS – Transformer l’essai. C’est l’objectif de la Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH), le leader ivoirien du caoutchouc naturel. Produisant plus de 200 000 tonnes par an dans ses cinq usines, la filiale du groupe Sifca, via la Société internationale de plantations d’hévéas (SIPH), veut augmenter ses capacités de production de 60 000 tonnes d’ici à la fin de l’année, avec la mise en service d’une sixième usine à Soubré, à 350 kilomètres à l’ouest d’Abidjan.

Lancé en février 2021 et chiffré à 25 millions d’euros, le projet doit valider une stratégie, menée avec son autre actionnaire, le groupe français Michelin, qui table sur l’essor de la transformation en dépit de la volatilité des cours mondiaux et de la versatilité des politiques fiscales.

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Bonne santé financière

Pour réussir son pari, SAPH – dirigé depuis le début de l’année par Thierry Serres, jusqu’ici administrateur de SIPH représentant Michelin – dispose de nombreux atouts, à commencer par sa bonne santé financière.

Sortant d’une excellente année 2021 portée par un cours moyen du caoutchouc à 1,67 $/kg – chiffre d’affaires de 318 millions d’euros en hausse de 31 % sur un an et résultat net de 31 millions d’euros équivalent à 2,5 fois celui de 2020 –, il devrait réaliser une performance honorable en 2022 (les résultats seront publiés en avril), le cours ayant chuté à 1,15 $/kg en octobre 2022 avant de remonter et de se stabiliser à 1,40 $/kg actuellement.

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« Pour 2023, le maintien de la demande mondiale, lié notamment à la reprise du secteur automobile en Chine, devrait soutenir le cours à son niveau actuel, ce qui assurerait une croissance de 10 à 15 % du chiffre d’affaires », avance Boris Afran, analyste financier senior chez Hudson & Cie. Sans compter que, si SAPH a démarré ses investissements plus tardivement que son principal concurrent – la Société des caoutchoucs de Grand-Béréby (SOGB), filiale du groupe Socfin –, il les finalise dans un contexte où les cours sont plus favorables que ces dernières années.

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Fort de sa taille et de son statut de numéro un historique, SAPH a aussi su développer une solide relation avec les villageois planteurs, auxquels il achète la matière première, tout en renouvelant ses propres plantations et en améliorant le rendement de ses usines de transformation. Résultat, les achats ont fortement augmenté (passés de moins de 50 % de la production en 2000 à 85 % en 2021), et la qualité de la production s’est améliorée, permettant à SAPH de se positionner sur « les grades de produits finis les plus recherchés par l’industrie pneumatique », souligne le rapport annuel 2021 de SIPH (dont SAPH assure 66 % des revenus).

Tensions logistiques et fiscales

Malgré ces points forts, tout n’est pas gagné. D’une part, les performances du leader ivoirien restent très dépendantes de l’évolution du cours du caoutchouc, difficile à prévoir sur un marché volatil en raison notamment de la guerre en Ukraine. D’autre part, SAPH, qui a été confronté à des problèmes d’acheminement de sa production en 2022 en raison des tensions logistiques liées à la crise ukrainienne, doit également composer avec le contexte d’inflation généralisée, synonyme de hausse du coût de l’énergie et des intrants.

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Un dernier point complique encore la donne : l’évolution de la fiscalité appliquée au secteur, sujet récurrent de négociations avec l’exécutif ivoirien. Déjà critiquée, la taxation qui s’appliquait jusqu’à présent (une ponction par palier sur le chiffre d’affaires à partir d’un certain niveau du cours du caoutchouc) a été remplacée par un taux fixe de 1,5 % qui s’applique quel que soit le cours et dont il faut s’acquitter au port avant l’expédition de la marchandise.

Outre le besoin de trésorerie généré, cette nouvelle règle, conjuguée à d’autres mesures fiscales et réglementaires, « affecte les marges » de SAPH, a d’ores et déjà pointé le groupe dans son rapport d’activité du premier semestre 2022. Qu’en sera-t-il en 2023 ?

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