Brésil : favelas sous haute tension

À deux ans du Mondial de football, la sécurité à Rio de Janeiro s’améliore lentement. Mais à quel prix !

Intervention de l’armée dans le Complexo do Alemao, en 2011. © Pablo Jacob/AFP

Intervention de l’armée dans le Complexo do Alemao, en 2011. © Pablo Jacob/AFP

Publié le 20 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Les images ont fait le tour du monde. Le 13 novembre 2011, le bataillon des opérations spéciales, avec le renfort de 3 000 policiers, d’hélicoptères et de blindés, a repris le contrôle de Rocinha, plus grande favela de Rio de Janeiro et place forte du trafic de drogue. Sans qu’un coup de feu n’ait été tiré. En apparence, c’était un éclatant succès pour les autorités. Dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué. Car, depuis le mois de février, dix personnes ont été tuées à Rocinha. Parmi les victimes, un leader communautaire poursuivi pour constitution de bande armée, mais aussi un caporal de la police militaire en service.

Sur place, le climat reste très tendu. On attend toujours le déploiement par l’armée d’une unité de police pacificatrice (UPP), censée maintenir l’ordre dans les favelas théoriquement pacifiées. Chassés par la porte, les narcotrafiquants sont en effet revenus par la fenêtre. À deux ans du Mondial de football, l’enjeu est capital. Car Rocinha est située dans le sud de la ville, à proximité des quartiers cossus où sera accueillie la majorité des touristes.

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D’autant que d’autres quartiers posent problème. En avril, une semaine après l’arrivée des deux premières UPP, le Complexo do Alemão, ensemble de favelas situé dans le nord de Rio, a été le théâtre de violences et d’arrestations. Niterói, de l’autre côté de la baie, connaît lui aussi une vague de violences. Sans doute est-ce le résultat de l’arrivée de trafiquants chassés des quartiers pacifiés. Deux cents policiers supplémentaires ont été déployés à Niterói. Et 350 à Rocinha.

Défi immense

Rio compte un millier de favelas. À ce jour, seules vingt et une UPP ont été déployées. Une unité peut certes couvrir plusieurs favelas, mais il n’empêche : le défi reste immense. Pourtant, quand elles réussissent à s’implanter, les UPP obtiennent des résultats. Selon une étude récente, 74 % des habitants de Rio se sentent plus en sécurité depuis la mise en place, fin 2008, des premières d’entre elles. Globalement, la criminalité reste élevée mais régresse. Le taux d’homicides est passé de 56,6 pour 100 000 habitants en 2000 à 24,3 en 2010. Une évolution confirmée en 2011.

Sur le plan national, en revanche, la situation reste stable : autour de 26 homicides pour 100 000 habitants. Car la géographie de la criminalité a changé. Il y a dix ans, c’est à São Paulo et à Rio de Janeiro que la situation était le plus grave. Aujourd’hui, c’est dans l’État amazonien du Pará, dans les grandes villes de l’État de Bahia et dans certains États du Nordeste.

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Élodie Guignard, à Rio de Janeiro

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