France-Afrique : devenons partenaires !

Lionel Zinsou est président franco-béninois du fonds d’investissement PAI Partners

Publié le 14 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

France-Afrique : Hollande et nous
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France-Afrique : Hollande et nous

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La vie politique française et ses campagnes électorales passionnent toujours autant les opinions publiques africaines. Mais entre 1958 et 2012, entre le général de Gaulle, premier président de la Ve République, et François Hollande, son septième chef d’Etat, l’Afrique a encore plus changé que la France. Quatre-vingts pour cent des Africains n’étaient pas nés en 1958. L’Afrique est devenue politiquement puis économiquement indépendante. Depuis quinze ans, sa croissance économique est plus du double de celle de la France. Ses partenaires économiques et ses modèles de développement se sont diversifiés. Pour la France de François Hollande, cette Afrique forte n’est plus un marché captif, elle n’est pas une charge, elle est une nouvelle chance.

Le nouveau président veut être jugé par l’Histoire sur la justice et la jeunesse. Mais il sera d’abord jugé par ses électeurs sur la croissance. Le continent africain a les mêmes objectifs de faire avancer la justice et de mettre au travail sa jeunesse, encore laissée-pour-compte du développement. Les thèmes de dignité et de respect que François Hollande a imposés dans la campagne présidentielle française lui seront très utiles pour dialoguer avec l’Afrique, car les deux mots sont au coeur des révolutions arabes et au coeur des attentes d’une Afrique subsaharienne qui n’acceptait pas qu’on lui parle de hiérarchie des civilisations.

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Quant au défi de la croissance, la France va maintenant tenter de le relever dans l’Union européenne. Il ne serait pas moins important de négocier aussi avec l’Afrique un nouveau pacte de croissance. Il y a des interlocuteurs nouveaux et qualifiés : les dirigeants d’une Afrique du Nord à la recherche d’une croissance juste, la Cedeao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, NDLR] présidée par Alassane Ouattara, l’Union africaine sous l’impulsion de Thomas Boni Yayi, l’Afrique du Sud avec qui la confiance est à reconstruire… Il y a aussi de la matière pour la créativité : financements innovants des infrastructures, politiques monétaires actives, révolution numérique de l’éducation et de l’administration, coopération énergétique et agricole, recherches scientifiques partagées, nouvelle politique consulaire…

De nombreux projets sont sur la table, dont ceux du G20 sous présidence française. Il faut y ajouter la volonté, l’enthousiasme et le sens des priorités. Le fait nouveau, c’est qu’on peut compter sur les entreprises françaises : leur poids suffirait à faire la différence et à vaincre l’indifférence. Il ne manque à ces acteurs de l’économie française qu’une vision commune et une coordination. Pour cela, l’Etat reste nécessaire dans la patrie de Colbert. Mais en face, il faut dissiper ce qui est devenu un certain scepticisme des opinions africaines. Ne laissons pas s’installer les doutes. Devenons partenaires ! L’accélération de la croissance africaine pourrait être une des clés de la création de richesses et d’emplois dans la France de François Hollande.

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